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Aux deux extrémités de la ligne télégraphique sont installés deux cadrans circulaires parfaitement semblables, et qui portent inscrits sur leur circonférence les vingt-quatre lettres de l’alphabet et les dix chiffres de la numération. Ces deux cadrans communiquent entre eux par le fil conducteur de la pile. À l’aide de dispositions mécaniques que nous décrirons plus loin, chacune des lettres du cadran placé à la station d’arrivée peut, par l’action du courant voltaïque, établi ou interrompu, apparaître au-devant d’une sorte de fenêtre. Les deux cadrans sont liés entre eux de telle manière que les mouvements qui s’exécutent sur l’un sont répétés exactement et au même instant par l’autre. D’après cela, si l’on fait passer l’électricité fournie par la pile, dans le conducteur qui relie les deux cadrans, et qu’à la station d’où partent les dépêches on amène successivement les diverses lettres de l’alphabet devant un point d’arrêt qui existe sur le cadran indicateur, les mêmes lettres apparaîtront instantanément à la fenêtre du cadran de la station extrême.

Fig. 62. — Récepteur du télégraphe à cadran.

Quelles sont les dispositions mécaniques qui permettent de faire reproduire, sur le cadran de l’une des deux stations, les divers mouvements que l’on imprime au cadran de l’autre station ? C’est ce que nous allons exposer en donnant la description complète de l’instrument tel que M. Wheatstone l’a construit.

A, A (fig. 62) représentent un électroaimant double, formé de deux cylindres de fer doux parcourus, suivant le procédé ordinaire, par un long fil de cuivre qui donne passage au courant. Ces deux cylindres ont une longueur d’environ deux pouces et un demi-pouce de diamètre. Les extrémités a, b de ce fil communiquent avec les conducteurs de la ligne télégraphique. Quand le courant électrique vient circuler autour des deux cylindres, il les transforme en aimants artificiels, et, par l’effet de l’attraction magnétique, le disque de fer B, placé à quelque distance au-dessus d’eux, est instantanément attiré ; lorsque le courant voltaïque est interrompu, l’attraction magnétique cesse, et le disque B est ramené à sa position primitive, par l’action d’un ressort d’acier C, qui le relève dès que sa pression n’est plus contre-balancée par l’attraction magnétique.

Ainsi, en établissant et rompant alternativement le circuit voltaïque, on peut imprimer au disque B un mouvement de va-et-vient dans le sens vertical. Ce mouvement vertical, on le transforme en mouvement circulaire à l’aide de la disposition très-simple que l’on voit représentée sur la figure 62. Le disque de fer B est muni de deux petites tiges montantes c, d, dont les extrémités sont en contact avec les dents d’une petite roue à rochet e. Quand le disque B s’abaisse, la petite tige c tire la dent à laquelle elle est fixée ; quand il se relève, la tige d pousse une autre dent : il résulte de ce double mouvement que la roue e tourne d’un pas toutes les fois que l’attraction et la répulsion magnétiques sont établies ou suspendues. Or, un disque de papier DD, recouvert d’un cadran portant différentes lettres, est fixé sur cette roue et la suit dans ses mouvements ; par conséquent, ce disque de papier ou ce cadran tourne autour de ce centre par l’effet de l’attraction et de la répulsion magnétiques ; il avance d’un pas à chacun de ces doubles mouvements.