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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/328

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l’ordinaire, le dessin exécuté avec la pointe par l’artiste. Cette planche est alors placée dans une dissolution de sulfate de cuivre en communication avec le pôle positif d’une pile ; le circuit voltaïque est complété en mettant en rapport avec le pôle négatif une plaque de même dimension que la planche à graver. La décomposition ne tarde pas à s’effectuer ; l’oxygène et l’acide sulfurique se portent sur la plaque et dissolvent le cuivre dans les points où les traits ont été marqués.

La gravure galvanique est-elle appelée à remplacer, dans nos ateliers, la pratique habituelle ? Il est difficile de le savoir, car les essais de ce genre de gravure n’ont pas encore été exécutés en France.

L’emploi d’un procédé analogue au précédent, a permis d’arriver à ce résultat intéressant et curieux, de transformer une plaque daguerrienne en une planche propre à la gravure, et pouvant servir à donner, par le tirage typographique, quelques épreuves sur papier de l’image daguerrienne. Une épreuve photographique est composée de reliefs formés par le mercure, qui représentent les clairs, et de parties planes constituant les ombres, qui ne sont autre chose que l’argent de la lame métallique. Mais ces creux et ces reliefs sont prodigieusement faibles. Si l’on trouvait le moyen de les augmenter, on pourrait consacrer une de ces plaques au tirage soit typographique, soit en taille-douce. On ne pourrait sans doute tirer avec une telle plaque qu’un très-petit nombre d’épreuves sur papier ; mais le fait de la transformation de cette plaque en planche propre à l’impression n’en serait pas moins réel. M. Grove est arrivé à ce résultat en se servant de la planche daguerrienne comme anode soluble attaché au pôle positif de la pile, et plongeant dans un liquide d’une nature chimique telle, qu’il puisse attaquer le mercure en respectant l’argent. Le liquide qui convient à cet objet délicat, de laisser l’argent inattaqué tout en dissolvant le mercure, est l’acide chlorhydrique étendu d’eau. Grâce à l’emploi de précautions et de soins particuliers, indiqués par le physicien anglais, on peut transformer une plaque daguerrienne en une planche de graveur, et le tirage de cette planche donne sur le papier une épreuve sur laquelle on peut glorieusement écrire : Dessinée par la lumière et gravée par l’électricité.

Application de la galvanoplastie à l’art typographique. — L’application des procédés galvanoplastiques à la typographie, a donné, depuis peu d’années, des résultats d’une haute importance.

Les procédés électro-chimiques permettraient d’obtenir, à peu de frais, les caractères que le fondeur exécute au moyen d’une matrice préparée à cet effet. Dans l’état actuel de l’industrie, les procédés qui sont en usage fournissent les matrices d’impression avec une économie qui rendrait superflue l’intervention de la galvanoplastie, quand il ne s’agit que de matrices n’exigeant qu’un médiocre travail de gravure. Mais il en est autrement quand il s’agit de caractères devenus rares, ou dont la complication rendrait dispendieuse l’exécution d’une matrice nouvelle. La galvanoplastie intervient dans ce cas, avec un avantage marqué. Il suffit, en effet, de posséder quelques spécimens de ces caractères ; les procédés électro-chimiques permettent de préparer avec un seul de ces caractères une matrice à l’aide de laquelle le fondeur peut ensuite fournir à très-bas prix la série de caractères nécessaires à l’imprimeur.

En Allemagne et en France, l’art de l’imprimerie tire déjà un parti sérieux de cette application de la galvanoplastie. L’imprimerie impériale d’Autriche, qui a tant contribué à répandre et à populariser l’emploi de la galvanoplastie dans la typographie et dans la gravure, fait aujourd’hui un grand usage des procédés électro-chimiques, pour la reproduction des matrices devenues rares.

Parmi les produits de l’imprimerie impériale d’Autriche, présentés à l’Exposition