Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des pages de clichés ; et ce cuivrage s’obtient par les procédés galvanoplastiques, c’est-à-dire en faisant déposer une couche de cuivre d’une certaine épaisseur, sur les formes clichées. Dès lors, c’est le cuivre et non l’alliage, qui supporte l’effort de la presse, et le cliché ainsi cuivré, peut suffire à un tirage indéfini. Les grandes lettres des titres des journaux sont également cuivrées, pour résister à un tirage long et répété.

Depuis quelque temps, on commence à reproduire en cuivre, par les procédés galvanoplastiques, les pages mêmes des clichés typographiques. L’alliage d’imprimerie, qui sert à la confection de ces clichés, n’étant pas d’une dureté extrême, finit, après un assez long tirage, par être fatigué, usé. Reproduits en cuivre galvanoplastique, les clichés résistent à un tirage beaucoup plus long, en raison de la dureté du cuivre. L’expérience a établi que les pages clichées et reproduites par les procédés galvanoplastiques, d’après un moule de la composition, obtenu avec la gutta-percha, quoique plus chères que le cliché d’alliage, sont pourtant d’un usage économique en raison de leur durée et de la beauté de l’impression. Aussi plusieurs imprimeurs et éditeurs de Paris commencent-ils à adopter cette méthode pour les ouvrages dont le débit est considérable et assuré, comme les livres de classe, les auteurs anciens, etc.

La galvanoplastie a permis enfin de créer un mode d’impression intéressant, et encore peu connu en France, ce qui nous engage à lui consacrer une description spéciale. Nous voulons parler de l’impression naturelle. Les personnes qui ont visité l’Exposition universelle de 1867, ont remarqué, dans les vitrines des libraires allemands, une série de planches, envoyées d’Autriche, et qui représentent avec de très-grandes dimensions, ou plutôt avec les dimensions de la nature, des spécimens coloriés de divers objets d’histoire naturelle, des plantes entières, des fruits, des fleurs et différents organes végétaux, auxquels il faut joindre des plantes fossiles, des pétrifications d’animaux, etc. Ces produits, qui constituent un moyen d’étude intéressant et nouveau offert aux naturalistes, et qui ont été mis à profit, en Allemagne, pour un certain nombre de publications scientifiques, s’obtiennent à l’aide de l’original même qu’il s’agit de reproduire ; c’est pour cela que l’on désigne sous le nom d’impression naturelle le procédé qui sert à les obtenir. Voici en quoi ce procédé consiste.

À l’aide d’un rouleau d’acier, on presse l’objet à reproduire sur une feuille de plomb. Par l’effet de cette pression, tous les contours de l’objet se trouvent imprimés en creux sur le métal. Placée dans le bain de sulfate de cuivre qui sert aux opérations ordinaires de la galvanoplastie, la lame de plomb reçoit un dépôt de cuivre qui reproduit en relief l’image qui existait en creux sur le plomb, et forme ainsi une planche qui, par le tirage typographique ordinaire, fournit les épreuves sur papier représentant l’objet primitif dans ses détails les plus délicats. La reproduction des poissons fossiles et l’empreinte d’autres animaux fossiles sur des blocs de pierre, s’obtiennent par le même procédé ; seulement on remplace la feuille de plomb par un moulage à la gutta-percha. Les dentelles, les tissus à dessin clair et les ouvrages au crochet, peuvent être copiés de la même manière, sur l’original même.

Une modification avantageuse de cette curieuse méthode de reproduction, consiste à faire déposer du cuivre sur l’objet naturel lui-même, placé dans le bain électro-chimique. Pour reproduire des objets dont les détails se transporteraient mal sur la feuille de plomb ou sur la gutta-percha, tels, par exemple, qu’une coupe transversale de bois fossile, d’un minéral, d’un quartz ou d’une agate, etc., on rend conductrice la surface de ces corps, grâce à une légère couche de plombagine, et