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on les place directement dans le bain de sulfate de cuivre. La précipitation du cuivre sur l’objet, fournit un moule en creux, qui sert directement au tirage typographique. Tous les spécimens de ce genre, qui avaient été présentés à l’Exposition universelle de 1867, par l’Imprimerie impériale de Vienne, étaient coloriés par les procédés particuliers d’impression en couleur que l’on emploie à Vienne avec tant de supériorité.

L’intérêt qui s’attache aux produits, encore si peu connus parmi nous, de l’impression naturelle, nous engage à donner quelques détails sur l’origine de ce mode d’impression, qui a reçu de la galvanoplastie un perfectionnement si utile.

Les premières expériences pour employer la nature comme agent d’impression, remontent au commencement du dix-septième siècle. Les grandes dépenses qu’occasionnait alors la gravure sur bois, avaient conduit plusieurs naturalistes à faire des essais pour employer directement la nature elle-même comme moyen de reproduction. On trouve dans le Book of art d’Alexis Pedemontanus, imprimé en 1572, les premières indications pour obtenir l’impression des plantes.

Plus tard, un Danois, nommé Welkenstein, donna, comme on le voit dans les Voyages de Monconys, publiés en 1650, des instructions sur le même sujet. Le procédé de Welkenstein, bien connu aujourd’hui de la plupart des jardiniers et des collégiens, consistait à tenir la plante au-dessus d’une chandelle ou d’une lampe, de telle sorte qu’elle fût entièrement noircie par la fumée. En plaçant la plante ainsi noircie entre deux feuilles de papier, et frottant doucement au moyen d’un couteau d’ivoire, la suie venait imprimer sur le papier les veines et les fibres de la plante.

Ajoutons que ce procédé, si simple, a reçu de nos jours un léger perfectionnement. On réduit en poudre impalpable un morceau de pastel de la couleur qui se rapproche le plus de celle de la plante, on en fait une pâte avec de l’huile d’olive ; on opère, comme précédemment, et les veines et les fibres de la plante viennent s’imprimer en couleur sur le papier blanc. On obtient ainsi de fort beaux résultats pour la copie de toutes les plantes vertes, et cette impression demeure ineffaçable[1].

C’est un artiste nommé Branson qui eut le premier, en Allemagne, l’idée de reproduire par la galvanoplastie les images fournies par l’impression naturelle, dont la connaissance remontait, comme on le voit, à une époque éloignée. On doit à Leydoldt l’idée de reproduire, par la précipitation du cuivre, les objets de minéralogie, tels que les agates, les fossiles et les pétrifications, en les plaçant directement dans le bain électro-chimique. Enfin, c’est un autre artiste de l’imprimerie impériale de Vienne, M. Worring, qui a mis à exécution les plans de Leydoldt et Haydinger, qui avaient les premiers employé les rouleaux d’acier et de plomb pour former l’empreinte de l’objet sur une lame métallique[2].

  1. Mais le procédé qui a donné jusqu’ici les meilleurs résultats est celui de Félix Abate, de Naples. L’auteur désigne ce procédé sous le nom de thermographie, ou art d’imprimer par la chaleur. Voici en quoi il consiste. On mouille légèrement, avec un acide étendu d’eau ou un alcali, la surface des sections de bois dont on veut faire des fac-simile, et l’on en prend ensuite l’empreinte sur du papier, du calicot ou du bois blanc. D’abord cette impression est tout à fait invisible ; mais en l’exposant pendant quelques instants à une forte chaleur, elle apparaît dans un ton plus ou moins foncé, suivant la force de l’acide ou de l’alcali. On produit, de cette manière, toutes les nuances de brun, depuis les plus légères jusqu’aux plus foncées. Pour quelques bois qui ont une couleur particulière, il faut colorer la substance sur laquelle on imprime, soit avant, soit après l’impression, selon la légèreté des ombres du bois.
  2. « L’impression naturelle, dit M. L. Aüer, dans une brochure publiée en 1853, intitulée Découverte de l’impression naturelle, est d’une grande importance, non-seulement pour la botanique, — car, outre des plantes, on a déjà copié aussi des insectes et d’autres objets, — mais encore pour beaucoup de branches industrielles, particulièrement pour la fabrication des tapis, des étoffes de soie, et pour les rubans.

    « Voici le procédé qui est mis en pratique à l’imprimerie impériale de Vienne, pour obtenir la gravure des dentelles