Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/343

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dissout le cuivre, et l’or réduit se dépose sur le cuivre.

Mais la dorure au trempé ne pouvait fournir à la surface du cuivre, qu’une pellicule d’or excessivement mince. Voulant obtenir des dépôts de plus grande épaisseur, et d’une épaisseur que l’on pût augmenter à volonté, MM. Elkington songèrent à faire usage de la pile.

Les insuccès que les opérateurs avaient rencontrés jusque-là, dans les diverses tentatives faites pour dorer au moyen de la pile, tenaient à ce que l’on avait fait usage de bains acides. S’appuyant sur les excellents résultats que leur fournissaient les liqueurs alcalines pour la dorure par immersion, MM. Elkington essayèrent de dorer dans les mêmes bains, au moyen du courant voltaïque, et le succès couronna cette expérience.

Le procédé employé par MM. Elkington pour dorer par la pile, consistait à prendre un bain alcalin, composé d’oxyde d’or dissous dans du prussiate de potasse. Au fil négatif d’une pile de Daniell, plongeant dans cette liqueur, on attachait l’objet à dorer, et bientôt l’or se déposait sur le cuivre.

Nous croyons devoir rapporter le texte du brevet d’invention pour la dorure et l’argenture voltaïques qui fut pris par Henri Elkington, le 29 septembre 1840, car c’est là, pour ainsi dire, l’acte de naissance de la dorure voltaïque.

« Les perfectionnements dont il s’agit ont pour objet, dit M. H. Elkington, de couvrir d’or certains métaux à l’aide d’un courant galvanique.

« Au lieu d’employer une solution de chlorure d’or, comme je l’ai indiqué dans mes précédents brevets, je fais usage d’un oxyde d’or préparé par les moyens connus, ou de l’or divisé que je fais dissoudre dans une solution de prussiate de potasse ou de soude. Pour 31 grammes 25 centigrammes d’or converti en oxyde, j’emploie 5 hectogrammes de prussiate de potasse dissous dans 4 litres d’eau que je fais bouillir pendant une demi-heure ; après ce laps de temps, la mixtion est prête à servir.

« Il est nécessaire que les objets à dorer soient préalablement bien nettoyés et purgés de toutes leurs impuretés. On les plonge alors dans la mixture bouillante, et quelques secondes après ils sont couverts d’or. Si l’on désire obtenir une couche d’or plus épaisse, on doit se servir de la solution à froid, c’est-à-dire qu’après avoir été bouillie, on la laisse refroidir, et alors les objets seront revêtus d’une plus grande quantité d’or au moyen du courant galvanique.

« Les moyens de produire et d’appliquer les courants galvaniques sont de plusieurs sortes ; le plus simple est celui dont je fais usage.

« J’emploie deux cylindres concentriques fermés par le bas, celui de l’extérieur est verni, et celui de l’intérieur ne l’est pas ; il est composé d’une substance poreuse. Dans l’espace qui sépare les deux cylindres, on verse une solution de chlorure de sodium ou autre agent chimique excitant, dans lequel on plonge un morceau de zinc de forme cylindrique ou autre forme, et auquel est soudé un fil de laiton ou de cuivre qui correspond dans le vase intérieur contenant la solution d’or. Après que les objets à dorer ont été nettoyés et attachés ensemble, on les place dans la solution d’or pour en être recouverts, en les mettant en contact avec le fil de métal ; ils doivent être remués dans la solution tout le temps que dure l’opération. Sa durée dépend de l’épaisseur d’or qu’on veut donner aux objets à dorer ; cela dépend encore de la puissance du courant galvanique, de la quantité des objets agités, ou de la proportion d’or contenu dans la solution. Je préfère que la solution soit très-saturée d’or, et, à cet effet, j’y ajoute une portion d’oxyde d’or non dissous.

« Au lieu de la solution d’or ci-dessus indiquée, je me sers quelquefois d’une solution de protoxyde d’or dissous avec les muriates de soude ou de potasse ; mais les résultats ne sont pas aussi avantageux qu’avec la solution d’or obtenue avec du prussiate de potasse. En général, j’ai remarqué que les sels à double base, et plus particulièrement ceux connus sous le nom de sels haloïdes, sont aussi susceptibles de dissoudre l’or ; ils font également partie du droit privatif que je réclame, mais, je le répète, dans la pratique, j’ai trouvé qu’il était préférable d’employer la solution d’or obtenue du prussiate de potasse.

« Je réclame l’emploi des oxydes d’or ou de l’or métallique dissous dans le prussiate de potasse, ou de tous autres prussiates solubles pour couvrir les métaux, avec quelques-uns des sels sus-indiqués, combinés avec les oxydes d’or.

« Je réclame également l’application d’un courant galvanique pour dorer les métaux avec quelque solution convenable d’or, excepté le chlorure d’or, qui est peu propre à cet usage.

« Je fais observer que par solutions convenables, j’entends celles dans lesquelles les substances, alcalines, terreuses ou autres sels sont combinés avec l’or.

« Enfin, je réclame l’application du courant galvanique pour couvrir les métaux avec de l’or, soit que