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Puisqu’on peut aller du petit au grand, et du grand à l’immense, il ne serait pas impossible de revêtir la carcasse entière d’un navire, de fonte cuivrée, pour remplacer les lames de cuivre dont on enveloppe les navires. En effet, le cuivre déposé par la pile est d’une pureté absolue : il pourrait donc servir avec tout avantage, à remplacer la doublure de cuivre de nos navires.

M. Oudry avait présenté à l’Exposition de 1855, un modèle de bâtiment, dont la coque de fer avait été revêtue d’une couche de cuivre. On peut affirmer qu’un jour viendra, où, pour armer la carcasse de bois d’un navire de son revêtement protecteur de cuivre, on le garnira, à l’extérieur, de simples plaques de fonte, puis on le fera entrer tout entier, dans un bassin contenant une dissolution de sulfate de cuivre, et l’on opérera son doublage de cuivre par l’électricité.

Cette œuvre gigantesque ne présente, en effet, rien d’impossible. Un dépôt métallique peut être obtenu, tout aussi facilement et dans le même temps, sur un grand navire, que sur une planche de 1 mètre carré de superficie.

S’il fallait donc recouvrir de cuivre l’enveloppe extérieure d’un bâtiment, voici par quels moyens on y parviendrait. On commencerait par construire sur un fleuve ou sur une rivière navigable, à proximité de la mer, un bassin parfaitement étanche, capable de contenir un ou plusieurs navires. Le navire étant introduit dans ce bassin, l’eau en serait épuisée, à l’aide d’une machine à vapeur. Le navire étant sur cale, on le recouvrirait de plaques de fonte. Ensuite, à l’aide de la même machine à vapeur, on remplirait le bassin d’une dissolution saturée de sulfate de cuivre, tenue en réserve dans un bassin voisin, et les opérations que nous avons décrites, suivraient leur cours. On déposerait ainsi à la surface de la fonte, une couche continue de cuivre pur. On évacuerait alors le liquide, afin de reconnaître les places mal recouvertes de cuivre, et on les revêtirait de nouveau de plombagine avec le plus grand soin. On ferait alors rentrer la dissolution de sulfate de cuivre et l’opération s’achèverait. Une fois tout terminé, on rejetterait dans le réservoir le bain de sulfate de cuivre, et l’on appellerait l’eau du canal ou du fleuve destinée à remettre le navire à flot.

Les dépenses qu’entraînerait le dépôt électro-chimique du cuivre, ne sont pas extrêmement élevées. L’augmentation de prix sur les procédés employés dans les chantiers actuels, varierait du tiers à la moitié, selon la superficie du navire et l’épaisseur à donner au métal. Or, d’après M. Oudry, la durée du doublage en cuivre voltaïque est trois à quatre fois supérieure à celle qui résulte du système ordinaire. On trouverait encore dans l’emploi de ce moyen, divers avantages, tels que l’économie du temps que chaque navire doit consacrer, tous les deux ou trois ans, à son redoublage, une protection plus efficace du carénage et du calfatage, les voies d’eau évitées, etc.

Cette opération n’est plus du reste, aujourd’hui, à l’état de simple projet. Le journal le Toulonais nous a appris, au mois de juillet 1867, qu’un industriel de Lyon, M. Bernabi, a soumis au cuivrage à forte épaisseur, des échantillons de plaques de fer de nos navires blindés, ainsi que des clous, boulons, etc., et qu’il propose de préserver ainsi de toute altération chimique le doublage métallique de nos navires. Une commission nommée par le Ministre de la marine, a soumis à diverses expériences, dans le port de Toulon, des plaques de fer ainsi revêtues de cuivre, et ces expériences ont donné les meilleurs résultats. Cette commission a constaté la parfaite adhérence des deux métaux. Elle a reconnu qu’une plaque de fer ainsi cuivrée, peut être martelée, déformée, sans que jamais le cuivre s’en détache. Elle a constaté, en outre, que six mois d’immersion dans l’eau de