Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/406

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sait le plus d’effet utile. Mais on constata en même temps, que la consommation de zinc par cet appareil, était de 4kil,5 par heure. Si l’on ne considère que le prix du zinc, supposé à 70 centimes le kilogramme, et qu’on néglige même le prix des acides employés, cette consommation correspondrait à une dépense de 3fr,15 par force de cheval, pour une heure de travail.

Ainsi, la dépense extraordinaire qu’entraîne la production de l’électricité, est l’obstacle le plus sérieux qui s’oppose à l’emploi des moteurs électriques, La difficulté ne réside donc pas dans l’imperfection des machines que nous connaissons aujourd’hui ; on peut dire, au contraire, que pour ce genre d’appareils, on semble avoir épuisé les combinaisons mécaniques les plus variées et les plus ingénieuses. Toute la difficulté réside dans l’impossibilité où l’on se trouve encore de produire de l’électricité à bas prix. Pour rendre l’usage des moteurs électriques applicable à l’industrie, l’effort des inventeurs à venir devra donc porter sur la pile voltaïque. Produire de l’électricité à bon marché, tel est le but qu’il importe de poursuivre pour résoudre le problème du moteur électrique.

Faisons remarquer toutefois que, même dans les conditions présentes, les moteurs électriques sont en mesure de fournir à l’industrie, certaines ressources qui ne sont pas tout à fait à dédaigner. Quand on n’a besoin que d’une action motrice d’une faible intensité, et qui ne doit s’exercer que par intervalles, par exemple dans l’horlogerie et dans les ateliers de petits métiers, là où il importe moins de développer un grand effort mécanique que de produire cette puissance à volonté, instantanément, et en la modérant avec précision, suivant les besoins du travail, dans ce cas, le moteur électrique offre incontestablement des avantages.

Ce qui caractérise, en effet, d’une manière toute spéciale, l’action mécanique de l’électro-magnétisme, c’est sa prodigieuse souplesse, son étonnante docilité ; c’est qu’elle permet de modérer, d’activer, de suspendre ou de rétablir le travail, à la volonté de l’opérateur.

Les résultats que l’on peut obtenir sous ce rapport, tiennent véritablement du prodige. S’il fallait en citer un exemple, il nous suffirait d’invoquer ici le merveilleux mécanisme que M. Léon Foucault a adapté à son appareil pour la démonstration du mouvement de la terre. Il s’agissait d’imprimer à un pendule une impulsion mécanique, d’interrompre et d’anéantir instantanément l’action, une fois produite. L’électricité a fourni à M. Léon Foucault le moyen de remplir ces conditions, presque paradoxales.

Nous avons dit que, dans les ateliers de Froment, c’est un moteur électrique qui sert à mettre en action les machines à diviser. Ces machines sont placées dans une petite salle, retirée, silencieuse, et où personne ne pénètre jamais. Leur délicatesse est telle que, pendant le jour, le mouvement des voitures dérangerait leur action : on ne les fait donc, le plus souvent, travailler que la nuit. Mais cette obligation d’attendre pour le travail, l’heure paisible de minuit, serait assez désagréable pour l’artiste ; que fait-il ? Sur le chiffre de son horloge électrique, il accroche un petit levier, qui communique avec le fil conducteur de la pile destinée à mettre en action les machines ; après quoi il va se coucher. À minuit, l’aiguille du cadran vient rencontrer ce levier, le décroche, et la communication avec la pile voltaïque se trouvant ainsi établie, les machines à diviser se mettent en train. Le travail marche ainsi toute la nuit. Quand la dernière division a été tracée, la machine elle-même arrête le moteur électrique qui la mettait en mouvement, et tout retombe dans le repos. Et nous ne signalons ici qu’une des mille merveilles que peut réaliser le moteur électrique appliqué à un travail de précision.

Ainsi le moteur électrique ne peut rendre, dans l’état présent de la science, aucun ser-