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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 2.djvu/407

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vice, comme agent producteur de force mécanique ; mais il peut intervenir comme une sorte de rouage, qui a l’avantage de la docilité et d’instantanéité d’action,

L’Exposition universelle de 1867 a manifesté, d’une manière non douteuse, le discrédit complet dans lequel le moteur électrique est tombé dans l’intervalle de douze ans. Nous avons cherché, avec empressement, à l’Exposition du Champ-de-Mars, des spécimens de ce genre de machines, capables de nous éclairer sur l’état de la science et de l’industrie concernant cet appareil. Mais hélas ! combien les temps sont changés ! Tandis que les moteurs électriques abondaient au Palais de l’industrie, en 1855, ils se comptaient à peine par unités à l’Exposition du Champ-de-Mars, en 1867. Dans l’intervalle, en effet, la science a marché, la théorie a jeté ses lumières sur cette question, et des insuccès répétés ont démontré avec évidence, le peu de fondement des espérances que l’on avait fondées sur l’emploi de l’électricité comme force motrice.

C’est que l’électro-magnétisme, nous ne saurions trop le redire, n’est qu’une force de contact ; son intensité diminue avec la distance dans une proportion désastreuse. Comme l’attraction planétaire, cette force diminue, ainsi que nous l’avons dit, selon le carré de la distance. Le mouvement de va-et-vient qui résulte de l’attraction magnétique, étant d’une amplitude si faible, d’une course si limitée, ne peut donner lieu à la construction d’aucune machine à effet vraiment utile.

Le second et le plus grave inconvénient des moteurs électriques, c’est la cherté excessive de l’électricité. Si l’on pouvait produire à peu de frais, la grande quantité de fluide électrique nécessaire pour engendrer des électro-moteurs, on pourrait peut-être poursuivre avec quelque chance de succès la solution de ce problème. Mais, jusqu’ici, nous le répétons, l’électricité ne s’engendre qu’à grands frais : il faut des piles voltaïques, des acides, des métaux, et, tout compte fait, la force d’un cheval-vapeur, que peut développer à grande peine un moteur électro-magnétique, coûte dix fois plus cher que la même force produite par nos machines à vapeur ordinaires.

Il ne faut donc pas être surpris que ce genre d’appareils se soit trouvé représenté par un si petit nombre de spécimens à l’Exposition du Champ-de-Mars, en 1867. Leur absence s’explique par les échecs nombreux qu’ont rencontrés dans ces derniers temps, toutes les machines de ce genre. Des centaines de moteurs électriques ont été construits, et tous ont tristement échoué. Nous serons donc très-bref, en énumérant les moteurs électro-magnétiques qui figuraient dans les galeries du Champ-de-Mars.

En cherchant bien, nous avons trouvé seulement quatre moteurs électriques. Le premier et le plus original était présenté par un ingénieur français, M. Casal, et ses prétentions étaient fort modestes, car il n’avait d’autre objet que de s’appliquer à la machine à coudre, c’est-à-dire de remplacer l’action du pied de l’ouvrière, qui fait mouvoir la pédale de l’instrument. La disposition des bobines électro-magnétiques autour d’une roue dont l’axe porte l’arbre moteur, est fort ingénieuse, et la série d’actions attractives s’exerçant dans un sens tangentiel, est parfaitement entendue ; mais la quantité de force vive développée par un instrument de ce genre serait bien insignifiante si on voulait la mesurer avec exactitude au dynamomètre.

Dans l’exposition autrichienne se trouvait un nouveau moteur électrique, de l’invention de M. Kravogl. Cet appareil, imaginé en 1866, a été soumis, selon l’inventeur, à l’examen d’une commission composée de professeurs de l’université d’Insprück, lesquels ont conclu, dit la pancarte, « que la force de son travail est sept fois plus grande que celle du meilleur électro-moteur connu jusqu’à ce jour. » Nous le voulons bien ; mais comme le meilleur électro-moteur connu jusqu’à ce