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Une montgolfière tricolore de 15 mètres de diamètre, s’éleva au milieu d’une fête brillante qui fut donnée par Bonaparte, au Caire[1]. Il y avait dans le spectacle de ces phénomènes majestueux, de quoi frapper l’imagination des Orientaux, et Bonaparte ne manqua pas de recourir à ce nouveau moyen d’étonner et de séduire les populations des bords du Nil. Mais on assure que les Musulmans se trouvèrent fort peu impressionnés par ce spectacle.

L’aérostation militaire reprise et encouragée, aurait certainement rendu des services pendant nos grandes guerres. L’école aérostatique de Meudon était toujours ouverte ; Coutelle et Conté, ses directeurs, étaient encore pleins de zèle pour l’institution due à la République. Malheureusement, Bonaparte ne l’aimait pas. Dès son retour d’Égypte, il licencia les compagnies d’aérostiers, donna à Coutelle et aux autres officiers des grades équivalents dans d’autres armes, fit fermer l’école aérostatique de Meudon, et vendre tous les ustensiles et appareils qui restaient dans l’établissement. L’aéronaute Robertson, que nous retrouverons plus loin, se rendit acquéreur du ballon de Fleurus.

Ainsi finit l’aérostation militaire.


CHAPITRE XI

le parachute. — machines à voler imaginées avant le xixe siècle. — le père lana. — le père gallien. — j.-b. dante. — le besnier. — alard. — le marquis de baqueville. — l’abbé desforges. — blanchard. — le savoisien lavin et sa tentative de fuite au fort miolan. — premier essai du parachute actuel, fait à montpellier, par sébastien lenormand. — drouet. — jacques garnerin.

Nous venons de dire que c’est à son retour de l’expédition d’Égypte, en 1799, que Bonaparte fit fermer l’école aérostatique de Meudon, et licencia les deux compagnies d’aérostiers. Au moment où Bonaparte, assez mal inspiré dans cette circonstance, arrêtait brusquement les progrès de l’une des plus intéressantes applications de l’aéronautique, un homme audacieux ajoutait à cet art nouveau un glorieux fleuron, et frappait singulièrement l’imagination des masses, par une invention des plus saisissantes. Jacques Garnerin créait le parachute, et donnait aux Parisiens le spectacle émouvant d’un homme se précipitant dans l’espace à 500 mètres de hauteur, sans autre protection qu’un frêle parasol de soie, retenu par quelques cordes. L’histoire de l’invention du parachute doit donc maintenant nous occuper.

L’invention du parachute a été la conséquence, éloignée peut-être, mais au moins la conséquence immédiate, des tentatives si nombreuses qui avaient été faites pendant le siècle précédent, pour arriver à réaliser le vol aérien. C’est ce qui nous oblige à remonter un peu haut dans l’histoire, pour rechercher les premières traces de cette invention.

Nous n’irons pas toutefois jusqu’aux temps fabuleux. Nous n’interrogerons pas la mythologie, pour savoir ce que cachait de réel le type de Dédale et d’Icare. De cette fable de l’antiquité, si l’on retranche tout ce qu’y ajouta la poétique imagination des Grecs, il reste une tradition qui doit se rapporter à quelques tentatives de vol aérien, faites à l’origine des sociétés humaines.

L’antiquité grecque rapporte qu’un mécanicien, nommé Architas, contemporain et ami de Platon, avait inventé une colombe volante. C’était un oiseau de bois, qui se soutenait dans les airs. Il n’y a rien que de très-probable dans le fait de cette invention, qui ne dépassait pas les limites de l’état de la science et des arts dans l’antiquité.

Il faut arriver au premier siècle de l’ère chrétienne, pour trouver un fait relatif à l’art de voler, malheureusement un peu altéré par l’esprit de mysticisme et de superstition

  1. Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques du physicien Robertson. Paris, 1840, t. II, p. 32.