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« On peut construire, dit-il, des bateaux allant sur l’eau sans rameurs, de grands vaisseaux, conduits par un seul homme et marchant avec plus de vitesse que ceux conduits par une foule de matelots ; enfin, on peut faire des machines pour voler, dans lesquelles l’homme, étant assis ou suspendu au centre, tournerait quelque manivelle qui mettrait en mouvement des ailes faites pour battre l’air, à l’instar de celles des oiseaux[1]. »

Plus loin, passant à l’application de ses idées, Roger Bacon donne la description d’une « machine volante. »

Le projet dont Roger Bacon posait le principe, fut mis à exécution après lui. Après la mort de cet illustre et malheureux savant, on trouve un certain nombre de mécaniciens qui essayent de construire des appareils destinés à imiter le vol des oiseaux, et plusieurs d’entre eux osent confier leur vie au jeu de ces machines.

Jean-Baptiste Dante, habile mathématicien, qui vivait à Pérouse, vers la fin du quinzième siècle, construisit des ailes artificielles, qui, appliquées au corps de l’homme, lui permettaient, a-t-on dit, de s’élever dans les airs.

Selon l’abbé Mouger, qui lut à l’Académie de Lyon, le 11 mai 1773, un Mémoire sur le vol aérien, J.-B. Dante aurait fait plusieurs fois l’essai de son appareil, sur le lac de Trasimène. Mais ces expériences eurent une assez triste fin. Le jour de la célébration du mariage de Barthélémy d’Alviane, Dante voulut donner à la ville de Pérouse le spectacle d’une ascension. « Il s’éleva très-haut, dit l’abbé Mouger, et vola par-dessus la place ; mais le fer avec lequel il dirigeait une de ses ailes, s’étant brisé, il tomba sur le toit de l’église de Saint-Maur et se cassa la cuisse. »

Dante ne mourut point des suites de cet accident, qui lui valut une chaire de mathématiques à Venise.

Selon le même écrivain, un accident semblable serait arrivé précédemment à un savant bénédictin anglais, Olivier de Malmesbury. Ce bénédictin passait pour fort habile dans l’art de prédire l’avenir ; cependant il ne sut point deviner le sort qui l’attendait. Il fabriqua des ailes, d’après la description qu’Ovide nous a laissée de celles de Dédale, les attacha à ses bras et à ses pieds, et s’élança du haut d’une tour. Mais ses ailes le soutinrent à peine l’espace de cent vingt pas ; il tomba au pied de la tour, se cassa les jambes, et traîna depuis ce moment une vie languissante.

Fig. 292. — Projet de bateau volant, fantaisie scientifique du jésuite Lana (page 514).

Il se consolait néanmoins de sa disgrâce en affirmant que son entreprise aurait certainement réussi s’il avait eu soin de se munir d’une queue !

On affirme que Léonard de Vinci aurait

  1. Possunt etiam fieri instrumenta volandi, ut homo, sedens in medio instrumenti, revolvens aliquod ingenium per quod alæ, artificialiter compositæ, aerem verberarent, ad modum avis, volaret (De secretis operibus artis et naturœ).