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la main des hommes, ou tout autre moyen mécanique ; mais c’est précisément ce moyen mécanique qu’il s’agissait de trouver, car en cela justement consiste la difficulté qui s’est opposée jusqu’à ce jour à la réalisation de la navigation aérienne.

Fig. 324. — Petin.

L’inventeur de l’imparfait appareil que nous venons de décrire et que nous représentons (fig. 324) d’après une gravure publiée à cette époque, parcourut la France, en 1851, pour recueillir les moyens de l’exécuter en grand. Dans les séances publiques qu’il donnait en nos différentes villes, M. Petin, ex-bonnetier de la rue Saint-Denis, vouait à l’anathème les savants et la science qui condamnaient son entreprise.

Sa propagande infatigable eut pour résultat la réunion d’une somme importante, qu’il jeta tout entière dans la construction d’une machine différant en certains points de son premier modèle, mais qui n’en était pas pour cela plus raisonnable. Au mois de septembre 1851, le gigantesque appareil était terminé. Malheureusement le préfet de police de Paris partagea l’avis des savants, et l’autorisation demandée par M. Petin, pour exécuter son ascension, lui fut refusée, par la crainte très-légitime de compromettre la vie des personnes qui devaient l’accompagner.

M. Petin passa alors en Angleterre ; mais l’hospitalité britannique ne semble pas lui avoir été favorable, car nous voyons, bientôt après, M. Petin faire voile pour l’Amérique, pour y exhiber ses ballons accouplés.

Il fit une ascension à New-York, avec l’un des ballons qui entraient dans la composition de son système : il était accompagné d’un aéronaute de profession, nommé Chevalier. Mais la chance leur fut contraire, car ils allèrent tomber à la mer, d’où l’on eut grand’peine à les retirer.

M. Petin se rendit ensuite à la Nouvelle-Orléans, où il fit une ascension avec un autre de ses ballons. Mais le même guignon le poursuivait, car il tomba encore dans l’eau. Ce fut, cette fois, dans le lac Pontchartrain, où il faillit périr.

Jusque-là M. Petin n’avait jamais mis à l’épreuve son fameux système. Il en fit l’essai public à la Nouvelle-Orléans, sur la Place du Congo, aujourd’hui Place d’Armes. Mais toujours poursuivi par la mauvaise chance qui semble s’être attachée à son entreprise, il ne put jamais parvenir à gonfler ses quatre ballons : le gaz fourni par les usines de la ville ne put suffire, ou bien il existait des fuites dans l’appareil. Le fait est qu’il ne put effectuer son ascension ; de sorte qu’il est impossible de dire comment se serait comporté dans l’air ce bizarre équipage.

M. Petin se rendit ensuite à Mexico, où il exécuta une simple ascension, qui réussit assez mal.

Finalement, l’inventeur du système de navigation aérienne qui avait fait un moment tant de bruit parmi nous, revint en France, après sa malheureuse campagne dans le Nouveau-Monde. Nous croyons qu’il est aujourd’hui