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moral de M. Babinet. Un système qui ne peut invoquer en sa faveur que des présomptions théoriques et des promesses, plus ou moins séduisantes ; qui se tient dans les limbes de faciles dissertations ; qui, dans un intervalle de plus de six ans, n’a exhibé aucun appareil mécanique permettant d’apprécier nettement sa valeur, est déjà en grande partie jugé.

Fig. 329. — M. Babinet.

Nous ferions bon marché de nos répugnances théoriques, si l’on nous montrait sur un modèle, grand ou petit, l’aéronef tant annoncé par MM. Ponton d’Amécourt et de La Landelle, ce merveilleux appareil mécanique, qui, tout en étant plus lourd que l’air, permettrait, d’abord, de s’élever de terre, ensuite de s’y maintenir un certain temps, enfin de triompher de la résistance de l’air, pour se diriger librement dans l’espace. Mais, aucun instrument de ce genre n’a encore été construit, personne n’a été mis à même d’apprécier les mérites de ce phénix de l’aéronautique.

En résumé, le système du plus lourd que l’air, conçu par des hommes éclairés sans doute par des littérateurs et des artistes pleins d’imagination et animés du plus louable zèle, a pu séduire quelques esprits enthousiastes, mais il ne saurait avoir la prétention de conquérir l’approbation de ceux qui ont pour principe de ne se prononcer que sur ce qu’ils ont vu. Nous n’avons aucune prévention systématique contre l’aviation sans aérostat ; seulement, nous voudrions, pour incliner en sa faveur, avoir sous les yeux, non des dissertations, des amplifications, des dithyrambes, mais un peu de fer ou d’acier façonné en un mécanisme tangible, et qui réalisât une partie des merveilles tant annoncées. Jusque-là nous réserverons nos préférences et nos sympathies à ce classique aérostat, auquel il ne manquait plus, pour achever les péripéties de son histoire, que d’être honni et bafoué par ceux mêmes qui prétendent nous ouvrir la route des airs.


CHAPITRE XVIII

les applications des aérostats. — l’exploration de l’atmosphère et l’étude de la constitution physique de l’air. — ascension de mm. barral et bixio, en 1850. — ascension de m. welsh en angleterre, en 1852. — expérience de glaisher sur la décroissance de la température de l’air, sur les variations de l’humidité atmosphérique, et sur le spectroscope, faites dans l’aérostat de m. coxwell en 1863 et 1864.

Pour terminer cette Notice, déjà longue, nous avons à parler des principales applications qu’on a faites jusqu’à ce jour, des aérostats, pour l’étude de certaines questions scientifiques ou autres.

Nous rappellerons d’abord les principaux résultats, dont la physique générale et la physique du globe se sont enrichies, grâce aux expériences faites en ballon.

La célèbre ascension de Biot et de Gay-Lussac, faite dans les premières années de notre siècle, a servi de prélude à un certain nombre d’expériences du même genre, entre-