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vires de commerce français naviguant au long cours et au cabotage, ainsi qu’à bord des bâteaux-pilotes. Afin d’assurer l’exécution de cette disposition, une apostille, portée sur le rôle d’équipage, devait mentionner que le capitaine du navire était pourvu de ce code ; en outre, le nom du navire, ainsi que celui du port d’armement, devaient être inscrits sur l’exemplaire présenté.

Il fallait obtenir des autres nations maritimes l’adoption du code Reynold, pour les relations internationales. On obtint l’adhésion de quinze nations, l’Angleterre, la Hollande, la Sardaigne, Naples, la Grèce, la Belgique, la Prusse, la Suède, la Russie, les républiques espagnoles, Hambourg, etc.

Le code Reynold fut traduit en anglais, en italien, en allemand, en suédois, etc.[1]

Le code Reynold était excellent et répondait à tous les besoins de la correspondance maritime ; mais il avait un défaut : il avait le défaut d’être français, ce que l’orgueil britannique ne pardonne guère dans les questions de marine. Il était français et par l’inventeur, et par le gouvernement qui s’était appliqué à en propager l’usage. L’Angleterre refusa donc de rester plus longtemps dans le concert des nations maritimes qui avaient adopté le Code français. Sur les observations de la marine anglaise, à laquelle vinrent se joindre, il faut le dire, des remarques émanant des officiers de notre marine impériale et de notre marine marchande, diverses enquêtes furent ouvertes. Le conseil d’amirauté, d’accord avec le comité hydrographique, reconnut que le monopole accordé au code Reynold n’était motivé par aucune considération d’intérêt public ou d’utilité pratique.

À la suite de ces diverses enquêtes, une décision rendue le 30 avril 1863, par le ministre de la marine, M. de Chasseloup-Laubat, abrogea les arrêtés de 1855.

Mais le besoin d’un code international commode et pratique, se fit alors sentir plus que jamais. L’habitude des communications postales et des dépêches télégraphiques a augmenté nos légitimes exigences. L’échange de quelques avis techniques ne peut plus suffire au marin ; il veut avoir une télégraphie à lui, qui lui permette d’exprimer toutes ses idées et de correspondre avec tous les navires qu’il rencontre sur sa route.

L’insuffisance des moyens de communication dont on disposait jusqu’ici, a été regrettée plus d’une fois, pendant les guerres de Crimée, d’Italie, en Chine, en Cochinchine, au Mexique, quand nos bâtiments se voyaient dans l’impossibilité de se faire comprendre par les navires italiens, anglais, espagnols, ou même par les navires marchands de notre nation. Il était donc urgent d’aviser aux moyens de faire cesser un état de choses aussi fâcheux.

Le gouvernement français, préoccupé depuis longtemps de la solution de ce problème, se décida à faire des ouvertures au cabinet de Londres. Une commission anglo-française fut bientôt chargée de préparer un système de signaux propre à être adopté par toutes les nations maritimes. Les projets de cette commission furent sanctionnés par un décret impérial en date du 25 juin 1864. Les dix-huit mois qui suivirent cette date furent employés à l’impression des éditions française et anglaise du nouveau Code commercial des signaux.

Au mois de février 1866, le ministre de la marine, M. de Chasseloup-Laubat, présentait à l’Empereur le premier exemplaire de l’édition française du Code commercial de signaux, qui a été élaboré par une commission

  1. L’édition française du code Reynold a pour titre : Code international. Télégraphie nautique réglementaire pour les bâtiments de guerre et de commerce français acceptée par les gouvernements d’Angleterre, des Pays-Bas, de Sardaigne, de Suède, de Grèce, de Naples, de Belgique, de Prusse, de Norwège, de Russie, de l’Uruguay, de Hambourg, d’Oldenbourg, du Chili, de Danemark, d’Autriche, etc.etc., publiée sous les auspices et par les ordres de S. Exc. M. le Ministre de la marine et des colonies, par Charles de Reynold de Chauvancy, capitaine de port, 4e édition. Paris, 1857, chez L. Hachette.