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de potassium ; mais ce sel n’est pas un fixateur à la manière ordinaire : il ne dissout pas le sel d’argent non impressionné, il ne fait que le mettre momentanément dans l’impossibilité d’être influencé par la lumière.

Après le fixage, l’épreuve prend, par la dessiccation, un ton gris, qu’on fait disparaître en soumettant la face enduite de cire à l’action de la chaleur.

Les clichés négatifs ainsi préparés, doivent être conservés avec soin, afin qu’il ne se produise pas, à la surface de la couche de cire, des cassures, qui donneraient, sur l’image définitive, des raies nuisibles à la pureté et à la netteté de l’épreuve.

Avec ce cliché négatif, composé d’une simple feuille de papier, on tire les positifs à la manière ordinaire.

Quelques habiles opérateurs, parmi lesquels nous devons citer M. le comte Vigier, MM. Baldus, Roman, etc., ont modifié le procédé précédent, en supprimant le cirage du papier ; mais la méthode qu’ils emploient est très-délicate et ne peut être suivie que par des praticiens très-exercés.

Cette méthode consiste à tremper la feuille de papier dans une liqueur composée d’iodure d’argent dissous dans l’iodure de potassium. Le papier qui contient ces sels n’est pas impressionnable à la lumière, à cause de la présence de l’iodure de potassium ; mais quand on vient à plonger les feuilles qui contiennent ce mélange, dans le bain d’azotate d’argent, il ne reste plus à leur surface, que de l’iodure d’argent, et la couche est impressionnable à la lumière. Le reste de l’opération se fait comme dans le cas précédent.

Tel est le procédé du comte Vigier.

M. Roman dissout l’iodure de potassium dans de l’albumine, qui se coagule au moment de l’immersion dans l’azotate d’argent. On obtient par cette méthode, un négatif susceptible de donner des épreuves positives qui se distinguent, comme celles sur verre albuminé, par la vigueur extraordinaire, la correction du dessin et les contours admirablement arrêtés de l’image.

Les épreuves négatives sur papier, préparées par les procédés que nous venons de décrire, sont obtenues à sec, et c’est là un des grands avantages de cette méthode pour les photographes en campagne et les voyageurs. Mais on peut aussi les obtenir par voie humide. Il suffit d’exposer dans la chambre noire, les feuilles de papier immédiatement après leur sensibilisation. Le papier employé est soumis aux mêmes préparations que dans le cas précédent, sauf le cirage qui n’aurait ici aucune utilité.

C’est en faisant usage de ce procédé, c’est-à-dire du procédé sur papier sec ou humide que M. Baldus, l’un de nos photographes les plus renommés, a obtenu les admirables reproductions de paysages et de monuments que chacun a pu admirer chez les marchands d’estampes. Mais pour obtenir d’aussi remarquables résultats avec le seul emploi du papier, il faut toute l’habileté et la science qui distinguent cet opérateur.


CHAPITRE XII

procédés particuliers pour le tirage des épreuves positives.

Les épreuves photographiques, telles qu’on les obtient aujourd’hui, sont entachées d’un vice fondamental. Longtemps exposées à la lumière, ou mal défendues contre l’humidité, elles pâlissent, s’altèrent, et semblent menacées de disparaître entièrement. Les photographes se sont émus, à juste titre, d’un danger qui menaçait les bases mêmes de leur art, et ils ont cherché la cause de cette grave altération. On a ainsi reconnu que cette demi-disparition des images tient à ce que l’argent métallique qui les constitue, est sujet à s’altérer chimiquement au contact de l’air :