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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/142

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tographique, une planche métallique, sensibilisée au moyen d’un sel de chrôme, mélangé d’une matière organique soluble, mucilagineuse ou gommeuse, et de glycérine, cette dernière substance étant destinée à former le grain de la gravure. Le cliché photographique reçoit ainsi, en même temps que l’image de l’objet, le grain destiné à retenir l’encre sur la planche gravée.

L’opération totale consiste : 1o à étendre sur le métal le mélange impressionnable de sel de chrôme, de matière albumineuse et de glycérine ; — 2o à exposer à la lumière sous le cliché ; — 3o à faire dissoudre dans l’eau chaude les parties non impressionnées par la lumière ; — 4o à placer la lame de métal, rendue conductrice de l’électricité par la plombagine, dans un bain galvanoplastique, pour la couvrir de cuivre ; — 5o l’épaisseur nécessaire de cuivre une fois obtenue, à enlever avec de l’eau et en frottant avec une peau, la matière qui a servi à former le grain de la gravure et qui était restée dans le creux. La planche est alors prête à servir à l’impression.

Les deux genres de gravure employés dans l’industrie, c’est-à-dire l’impression en taille-douce et l’impression en relief, peuvent être obtenus indifféremment, par ce procédé. Pour la gravure en taille-douce, il faut que le cliché photographique soit négatif ; pour la gravure typographique, il faut que le cliché soit positif.

Nous avons encore à signaler un procédé de transformation des photographies en gravures, imaginé par M. Tessié du Motay. L’auteur avait envoyé de nombreux spécimens de ses produits à l’Exposition universelle de 1867.

M. Tessié du Motay n’opère pas en prenant pour support des images à reproduire, les pierres lithographiques ou les métaux. En effet, dit M. Tessié du Motay, la pierre et le métal doivent être revêtus, pour commencer les opérations, d’une couche de substance impressionnable ; or, cette couche, quelque mince qu’on puisse la supposer, donne nécessairement lieu à une déviation des rayons lumineux, et par suite à une déformation de l’image, qui se transmettra au papier par l’intermédiaire des encres grasses. En outre, les métaux et les pierres ne peuvent happer les encres grasses qu’à la condition d’être grainés chimiquement ou mécaniquement. Or, le grainage, si fin qu’il puisse être, met à nu les parties cristallines du métal ou de la pierre, dont les dimensions dépassent de beaucoup celles des points dont sont formées les photographies au sel d’argent, et changent, par conséquent, en image discontinue, mal venue, confuse, l’image si parfaite dessinée par la lumière.

Quoi qu’il en soit de cette théorie, M. Tessié du Motay remplace les métaux et les pierres par des substances d’une autre nature, permettant, en raison de la ténuité et de la continuité de leurs pores, une impression aux encres grasses, sans grain, naturel ou artificiel. Un mélange de colle de poisson, de gélatine et de gomme, étendu en couche uniforme sur une plaque métallique bien dressée, additionné, préalablement, d’un sel de chrôme impressionnable à la lumière ; tel est le mélange que M. Tessié du Motay emploie pour recevoir l’influence lumineuse.

L’effet de la lumière sur ce mélange, c’est de rendre insolubles les parties touchées par les rayons lumineux. Cet effet se produit d’autant mieux, que la couche impressionnable est portée à une température plus élevée au-dessus de celle du milieu ambiant. Il faut donc chauffer, pendant une ou plusieurs heures, les plaques métalliques recouvertes du mélange impressionnable, dans une étuve, dont la température soit maintenue à 50 degrés environ. Sans cette opération, les couches de colle de poisson, de gélatine et de gomme ne soutiendraient pas l’action du rouleau imprimeur.