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Hurliman rendait le dernier soupir, entre son jeune enfant et sa femme, atterrée d’un coup si subit. On le porta, non loin de sa demeure, au cimetière du Mont-Parnasse.

Mais, nouveau malheur ! le jour même, sa pauvre femme, épuisée par tant d’émotions terribles, se sentit, à son tour, frappée aux sources de la vie. Elle se coucha dans ce même lit, encore tout glacé du contact du corps de son mari ; et elle sentit bien, à cette impression funèbre, que le terme de ses tristes jours était arrivé. On la pressait de se rendre à l’hospice voisin :

« Non, dit-elle, je veux mourir dans le lit où il est mort. »

Elle expira, en effet, le jour suivant ; elle alla rejoindre, sous les cyprès du Mont-Parnasse, le pauvre Hurliman, qui ne l’avait pas longtemps attendue. Dans cette chambre, remplie de tant de bonheur, quatre jours auparavant, il ne restait plus qu’un orphelin.

Le lendemain, mon ami Baldus venait rendre visite au graveur, pour le féliciter de la décision que l’Académie avait prise, et examiner les premiers résultats de son travail. Il monta les six étages du pied leste de ses vingt ans, et sonna joyeusement à la porte de l’artiste. Personne ne répondit ; seulement une vieille voisine, attirée par le bruit, se montra sur le carré. La bonne femme avait recueilli chez elle le jeune orphelin, en attendant que l’on prît quelque décision à son égard. Elle raconta les tristes événements qui venaient de s’accomplir, et introduisit le visiteur dans la chambre déserte des époux.

La pièce était complètement vide ; le graveur n’avait laissé pour tout héritage que la magnifique planche de Charles Müller, la Madone de Raphaël, que l’artiste lui avait offerte. Tout son mobilier avait peu à peu disparu sous la terrible aspiration de la misère ; mais il n’avait jamais consenti à se séparer de ce dernier souvenir de son ami.

Baldus emporta la gravure ; il la mit en loterie auprès des artistes, et en retira une somme de deux cents francs, qui servit à faire entrer l’orphelin comme apprenti chez M. Lerebours, opticien.

On s’est demandé plusieurs fois pourquoi le procédé de gravure héliographique, breveté au nom de M. Fizeau, et dont M. Lerebours commença l’exploitation, avait tout d’un coup cessé de répandre ses produits. C’est qu’à cette époque les procédés de la galvanoplastie, encore fort peu connus en France, exigeaient, pour être appliqués avec succès à la gravure, une main habile et délicate. Et cette main qui manqua, on le comprend maintenant, c’était celle du graveur à la jambe de bois.


CHAPITRE XX

application de la photographie aux sciences physiques. — enregistrement des phénomènes météorologiques. — l’électrographe de sir francis ronald. — applications de la photographie à la photométrie. — ses applications à l’astronomie. — enregistrement du moment des passages des astres au méridien. — vues photographiques des corps célestes. — la photographie stellaire, planétaire, lunaire, cométaire et solaire. — application des procédés photographiques à la levée des plans.

L’application des procédés photographiques a déjà rendu aux sciences physiques un grand nombre de services, d’ordre varié. Nous nous occuperons ici des principales de ces applications.

Les procédés empruntés à la photographie ont été employés pour enregistrer d’une manière continue, les indications de quelques instruments météorologiques, tels que l’aiguille aimantée et le baromètre. Aujourd’hui, grâce à cet admirable artifice, dans plus d’un observatoire de l’Europe, les instruments de météorologie enregistrent eux-mêmes les observations.

Les dispositions qui permettent de réaliser ce résultat remarquable, varient ; mais la suivante est le plus en usage. L’aiguille indicatrice de l’instrument vient se peindre sur