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dont on veut conserver l’image précise et rigoureuse, sont aisément fournis par cet instrument, qui répond ainsi à une indication qui n’avait jamais pu être remplie jusqu’à ce jour. L’appareil de Garella pour la photographie panoramique[1] donne bien, en effet, des vues panoramiques, mais il ne saurait fournir en même temps, comme la planchette de M. Chevallier, les mesures géométriques des différentes parties de cette vue.

Le système de M. Chevallier a été appliqué au levé des plans militaires et des cartes panoramiques du théâtre des opérations d’une armée. C’est pendant la guerre d’Italie, en 1859, qu’on en fit l’essai pour la première fois. La brièveté de cette campagne empêcha d’approfondir cette méthode, dont on ne se rendait généralement pas compte, car on ne comprenait pas bien comment une image photographique, dans laquelle la perspective est toujours rendue d’une manière infidèle, peut être ramenée à l’exactitude d’un plan géométrique. Cependant, le génie militaire avait su apprécier toutes les ressources que pouvait fournir aux manœuvres des armées et à la stratégie une méthode qui donne, en un si court espace de temps, un relevé exact des plus vastes étendues de terrain.

D’autre part, un opérateur instruit et très-exercé aux mesures sur le terrain, M. Civiale fils, avait exécuté un travail extrêmement remarquable, par le secours combiné de la photographie et de la géométrie. M. Civiale, chargé d’une mission de l’Académie des sciences, avait fait servir les épreuves photographiques qu’il avait prises, de la chaîne des Pyrénées, à relever le plan géométrique de cette région montagneuse. Avec le secours de M. Charles Chevallier, M. Civiale avait adapté à la chambre noire un ingénieux appareil, à l’aide duquel on peut facilement obtenir les angles horizontaux et verticaux, qui permettent de calculer les hauteurs et les distances. Dès lors, la photographie put fournir des renseignements certains et étendus sur la configuration, les coupures, les dispositions des chaînes de montagnes et les formes générales du pays. Cette donnée était de la plus grande importance pour l’exécution des cartes géographiques militaires, elle prêtait une grande fidélité au plan géométrique, que l’on pouvait compléter par l’examen visuel des localités ainsi doublement représentées.

La certitude ainsi acquise d’obtenir rapidement un plan géométrique par la photographie, a décidé le gouvernement français à établir la photographie dans les camps. Aux termes d’un arrêté du ministre de la guerre, rendu en 1865, un service photographique est organisé dans notre armée. Chaque régiment doit avoir, en campagne, une petite escouade de photographes, dirigée par un capitaine, et pourvue du matériel nécessaire à la levée des plans au moyen de la chambre obscure et des procédés photographiques.

La figure 107 (page 161) représente des photographes militaires occupés à relever le plan du terrain aux abords d’une ville.


CHAPITRE XXI

applications de la photographie aux sciences naturelles, à l’anthropologie, à l’anatomie végétale et animale. — appareil de m. bertsch pour la reproduction des objets d’histoire naturelle et d’anatomie, vus au microscope avec grossissement.

Des soins infinis, des sommes incalculables sont consacrés, depuis des siècles, à reproduire, par la main du dessinateur et du graveur, les objets qui servent aux études ou aux descriptions des naturalistes. Or, ces images ne sont presque jamais traduites par le burin que d’une manière incomplète ou infidèle. Il est impossible, en effet, que l’artiste fasse assez abnégation de son propre jugement, pour que, dans un grand nombre de cas, il ne remplace point ce que la nature

  1. Voir page 109.