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l’objet tel qu’on le voit d’un œil. ABCD est un prisme dont la base BD est assez large pour permettre l’application de l’œil R, afin de voir le dessin en entier et par réflexion. Des rayons lumineux partant du dessin P iront se réfracter à la base du prisme ABCD, et si l’angle du prisme est calculé pour produire ce que les physiciens appellent réflexion totale de la lumière, ces rayons viendront former en P’une image virtuelle due à la réflexion totale de l’image P sur la base BD du prisme interposé entre l’œil, R, et l’image. On dispose entre les deux yeux un diaphragme en bois noirci pour intercepter les rayons étrangers au trajet direct. L’effet stéréoscopique résulte de ce que l’on voit deux images, l’une, P, vue directement par l’œil gauche, R′ ; l’autre, P′, vue par l’œil droit, R, grâce à la réflexion totale des rayons lumineux produite par le prisme ABCD.

Si l’on voulait construire un stéréoscope grossissant, rien ne serait plus simple que de placer aux ouvertures R et R’des lentilles de foyers différents suivant les différences des foyers directs et réfléchis, et douées en outre de pouvoirs grossissants. C’est ce que M. Duboscq a fait pour la superposition des grandes images.

Stéréoscope panoramique. — Le même opticien a trouvé dans cette combinaison un moyen de construire un stéréoscope panoramique. La difficulté tenait à la nature des images qui, à cause de leurs grandes dimensions, ne peuvent pas se mettre, dans leur sens naturel, l’une à côté de l’autre. M. Duboscq prend les deux épreuves stéréoscopiques et les place l’une au-dessous de l’autre, pour produire l’effet optique qui va être expliqué.

Fig. 127. — Stéréoscope panoramique de M. Duboscq.

L’appareil (fig. 127) se compose d’un écran E, que l’observateur tient à la main. C’est derrière cet écran et l’une au-dessus de l’autre, que l’on place les épreuves stéréoscopiques. La face antérieure de cet écran est garnie de tuyaux de lorgnette, B, B′, qui ne contiennent ni prismes ni lentilles, et qui ne servent qu’à diriger la vue entre l’espace laissé libre par les deux épreuves. De la partie postérieure de l’écran se détache un bras, R, qui supporte sur des pivots deux miroirs M, M′, mobiles, et inclinés de telle façon que l’un réfléchisse l’épreuve stéréoscopique supérieure, et l’autre l’épreuve stéréoscopique inférieure placées derrière l’écran. Les rayons réfléchis sont dirigés dans les yeux par les tuyaux de lorgnette B, B′, et la sensation du relief se produit.

M. Duboscq a construit un autre stéréoscope panoramique, dans lequel l’œil droit regarde librement l’image, mais devant l’œil gauche sont placés deux prismes, l’un immobile, l’autre mobile sur un pivot, et par la rotation duquel on amène sur le même plan l’image supérieure et l’image inférieure. C’est lorsque ce résultat est atteint que l’on obtient l’effet du relief.

Ces appareils présentaient un inconvénient sérieux. Un même stéréoscope ne pouvait servir à plusieurs personnes différentes, car la portée des vues n’étant pas la même, un myope ne pouvait se servir sans grande fatigue de l’instrument approprié à la vue du presbyte ; M. Duboscq a remédié à cette difficulté en séparant la partie réfringente de la partie convergente de l’appareil. Dans son instrument, la variation des rayons est produite