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« Huile de pétrole, une livre ; moelle de couma ferula, six livres ; soufre, une livre ; graisse de bélier, une livre ; huile de térébenthine, quantité indéterminée.

« Les feux volants, dit encore Marcus, peuvent être faits de deux manières :

« 1o On prend une partie de colophane, autant de soufre, et deux parties de salpêtre ; on dissout ce mélange pulvérisé dans l’huile de lin ou de lamium ; on place ensuite cette composition dans un roseau ou dans un bâton creux, et l’on y met le feu. Aussitôt il s’envole vers le but et incendie tout.

« 2o On prend une livre de soufre pur, deux livres de charbon de vigne ou de saule, six livres de salpêtre ; on broie ces substances avec beaucoup de soin dans un mortier de marbre. On met ensuite la quantité que l’on voudra de cette poudre dans un fourneau destiné à voler dans l’air ou à éclater. »

Les Grecs du Bas-Empire avaient surtout appliqué le feu grégeois à la guerre maritime ; les Sarrasins n’en firent guère usage que dans les combats sur terre ; mais ils le perfectionnèrent beaucoup pour cette application spéciale. Des instruments, des machines, des engins de toutes sortes constituaient chez les Arabes le riche arsenal du feu grégeois. Les mélanges incendiaires étaient devenus pour eux le principal moyen d’attaque ; on avait étendu leur emploi à toutes les armes, à tous les instruments de guerre. Les Sarrasins attachaient le feu grégeois à leurs lances, à leurs boucliers ; ils le lançaient avec des flèches et avec des machines. Le nombre de ces machines était d’ailleurs très-considérable et leur mécanisme très-varié. On employait tour à tour les arbalètes à tour, qui lançaient à l’ennemi le mélange enflammé ; — les machines à fronde, destinées à jeter divers projectiles remplis de feu grégeois, tels que des pots de terre, des marmites de fer et même des tonneaux ; — les lances à feu et les flèches à feu, dont les formes et les dispositions variaient beaucoup ; — les massues à asperger, espèces de torches armées à leur pointe de feu grégeois brûlant, dont on couvrait son ennemi en brisant sur lui la massue ; — tubes à main qui lançaient en avant un jet de matières enflammées à la manière des fusées. En un mot, selon MM. Reinaud et Favé, « chez les Arabes, le feu considéré comme moyen de blesser directement son ennemi, était devenu l’agent principal d’attaque, et l’on s’en servait peut-être de cent manières différentes[1]. »

La figure 136 représente, d’après le manuscrit déjà cité de la Bibliothèque impériale, un fantassin armé de la lance à feu.

Fig. 136. — Fantassin armé de la lance à feu.

Un autre moyen qu’ont employé les Arabes, pour jeter le désordre et la terreur dans les armées, consistait à lancer contre les bataillons ennemis, des cavaliers montés sur des chevaux enveloppés de flammes. Nous rapporterons ici un passage de l’ouvrage de MM. Reinaud et Favé qui explique les moyens employés chez les Orientaux pour ce genre d’attaque.

    c’est par l’observation de leurs effets que l’on a été conduit plus tard à imaginer les premières armes à feu destinées à lancer des projectiles.

  1. Du feu grégeois et des feux de guerre, p. 51.