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son temps, et les écrits spéciaux sur l’artillerie, faits à cette époque, le citent comme la grande autorité en ces matières[1]. »

Nous n’avons rien dit encore des affûts sur lesquels reposaient les nouveaux canons de l’époque de la Renaissance. Cette question, d’une importance particulière, sera l’objet du chapitre suivant.


CHAPITRE VI

affûts. — attelages. — lignes de mire. — le problème de la trajectoire est entrevu. — pointage. — erreurs de pointage. — projectiles irréguliers : les boulets ramés et les boulets rouges.

Vers la fin du xve siècle, les artilleurs comprirent qu’il ne fallait plus s’opposer au recul de la pièce, mais y céder, afin d’éviter la destruction du matériel. Aussi, dès le commencement du siècle suivant, presque tous les affûts étaient-ils montés sur des roues ; c’est ce qu’on appelait, et ce qu’on appelle encore, les affûts à rouages.

Trois dessins, tirés d’un manuscrit de Bonaccorso Ghiberti, conservé à la Bibliothèque Magliabechiana à Florence, et qui fut composé vers le commencement du xvie siècle, donneront trois exemples d’affûts divers, quoique à rouages tous les trois, et qui diffèrent surtout par le mode de pointage. Tous les trois sont encastrés dans un fût, car les Italiens, à cette époque, n’avaient encore que peu de pièces portant des tourillons.

Fig. 228. — Affût d’une pièce de l’artillerie italienne du xvie siècle.

Les roues de la première de ces bouches à feu (fig. 228) sont très-fortes relativement au poids qu’elles ont à supporter ; leurs rais sont d’une forme ancienne et singulière ; ils nécessitent pour leur implantation, un moyeu énorme. La flèche oblique, F, se fixe en terre, pour déterminer l’inclinaison convenable de la pièce. Le pointage dans le plan vertical est donné par cette flèche, F, qui est articulée avec le fût, par une charnière a. Ces deux parties peuvent faire un angle plus ou moins ouvert, lequel fait varier le tir dans le sens vertical. Le pointage dans le sens horizontal, est donné par le mouvement des roues.

Ce mode d’affût ne cède pas librement à l’effort du recul ; mais on ne peut pas dire qu’il y résiste absolument ; car, au moment où le canon recule, l’angle formé par la charnière a tend à se fermer, et la culasse du canon s’élève, pendant que la partie antérieure de l’affût tout entière, avec le canon, tend à quitter terre. Nous avons donc ici la transition entre l’affût complétement immobile et l’affût qui cède au recul.

La deuxième pièce du même manuscrit (fig. 229), est remarquable par sa vis de bois, V, servant au pointage. La vis est le

  1. Tome III, page 240.