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30 pieds anglais, c’est-à-dire d’un peu moins de 6 mètres. En d’autres termes, l’âme peut être considérée comme cylindrique, et elle est seulement creusée de deux larges rayures, arrondies et peu profondes. La figure 315 représente la rayure des canons Lancaster.

Le projectile est un obus, de forme elliptique, comme l’âme. La figure 316 représente ce projectile.

Dans les essais qui furent faits en Crimée des canons Lancaster, les pièces éclatèrent souvent, parce que le projectile se coinçait dans la pièce, c’est-à-dire butait dans l’intérieur, de manière à n’en pouvoir sortir, et à provoquer la rupture du canon. On peut dire que cette artillerie fit plus de mal aux Anglais eux-mêmes qu’aux Russes[1].

M. Haddam modifia légèrement ce système en donnant une rayure de plus à l’âme, laquelle prend ainsi une forme curviligne triangulaire.

M. Haddam construisit des obus de plusieurs sortes, les uns à sabots et à ailettes à la partie antérieure, les autres affectant simplement la forme de l’âme de la pièce.

Les canons de M. Haddam ne donnèrent pas des résultats beaucoup meilleurs que ceux de M. Lancaster et pour les mêmes raisons.

Passons au canon Whitworth.

En 1855, M. Whitworth prit un brevet pour un système de canon à rayure hexagonale, et à pas très-rapide. La figure 317 représente ce système de rayure.

Fig. 317. — Rayure Whitworth.

M. Whitworth employait diverses sortes de boulets et d’obus, en général très-allongés, et moulés sur cette forme. La figure 318 représente le projectile plein employé pour percer les cuirasses des vaisseaux.

Fig. 318. — Boulet Whitworth.

En même temps, M. Whitworth inventait un modèle nouveau pour la fabrication de bouches à feu. Quelques explications particulières sont indispensables pour faire comprendre le principe sur lequel est fondée la construction du canon Whitworth.

Il ne faudrait pas croire qu’en augmentant indéfiniment l’épaisseur d’un canon, on puisse augmenter indéfiniment sa résistance. Le raisonnement suivant, qui a été trouvé par le capitaine Blakely, de l’artillerie anglaise, fera comprendre ce fait.

Supposons qu’on suspende un poids d’une tonne à l’extrémité d’une barre métallique verticale, de 1 mètre de longueur, et d’une grosseur déterminée et suffisante. Cette barre s’allongera d’une certaine quantité ; et si la limite d’élasticité du métal employé n’a pas été dépassée, le poids une fois ôté, la barre reprendra sa longueur première.

  1. Aloncle, Études sur l’artillerie navale.