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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/443

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chaleur, et on refroidit en même temps l’âme de la pièce. Puis le cercle est chassé à coups de marteaux, jusqu’à la partie qu’il doit occuper. Des mortiers de 36 pouces furent ainsi construits, et les épreuves du tir montrèrent que leur résistance était bien supérieure à celle des pièces ordinaires.

M. Whitworth construisit ses canons sur ce principe des cercles de renforcement, qui venait d’être mis en œuvre en Angleterre par M. Mallet.

L’âme est d’une seule pièce et en acier fondu. Sur cette âme on chasse, au moyen d’une presse hydraulique, mais à froid, des cercles d’un autre acier, plus résistant. On enfonce ainsi l’un sur l’autre sept à huit cercles d’acier de force croissante, mais chacun de dimension décroissante. Le calibre intérieur de l’âme, au lieu d’être cylindrique, présente une forme légèrement conique, qui permet de donner aux cercles en les enfonçant jusqu’au point voulu, et avec une grande précision, une résistance déterminée.

Fig. 319 et 320. — Canon Whitworth et coupe du même canon.

La figure 319 représente l’élévation d’un canon de M. Whitworth de 7 pouces de calibre.

La figure 320, qui montre la coupe de la même pièce, fait voir les rapports de l’âme et des différents segments qui la soutiennent. Ces cercles, après avoir été amenés au contact, sont vissés les uns aux autres. Cette disposition a pour but d’éviter que la secousse du recul ne les disjoigne. La culasse se compose d’un simple bouton massif, vissé.

La prodigieuse résistance de ces pièces permit d’employer d’énormes charges de poudre et des projectiles ayant en longueur trois fois environ le calibre du canon.

Les obus destinés à percer la cuirasse ressemblent à ceux du canon Lancaster représenté plus haut (fig. 316). Ils sont en acier à tête plate et plus courts que les autres, afin d’obtenir une vitesse initiale considérable. Ils renferment une charge de poudre, faible relativement à leur poids, et ne portent pas de fusée, parce que l’échauffement que reçoit le projectile en traversant la plaque, suffit à déterminer leur explosion. On a même quelquefois remarqué que l’inflammation de la poudre est trop prompte ; l’obus éclate dans la cuirasse même du navire supposé, au lieu de faire explosion dans la batterie. C’est ce qui a amené à interposer entre la poudre et le métal du projectile, plusieurs doubles de flanelle, afin de retarder la transmission du calorique.

Des expériences de tir, restées célèbres, furent faites en Angleterre, à Schœburyness, en 1862. On tirait sur des cibles de bois et