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de fer, d’une énorme épaisseur, simulant la paroi des vaisseaux les mieux cuirassés que l’on eût construits jusqu’alors. Dans ces expériences le canon Whitworth eut constamment l’avantage sur les canons de tous les autres systèmes. L’obus qu’il lançait dans ces expériences, pesait cent trente livres anglaises (environ 60 kilogrammes) et contenait trois livres 1/2 de poudre.

La précision de son tir fut telle, qu’à la distance de trois cents yards (presque 300 mètres) tous ses boulets portaient dans un œil de bœuf d’un pied de diamètre.

Plusieurs des canons du système Whitworth, de calibre et de grandeur très-différents, furent construits, en Angleterre, sans qu’on eût encore arrêté les dimensions les meilleures. On a modifié plus tard le nombre et la forme des rayures, en conservant cependant l’aspect polygonal de la coupe que nous avons représenté plus haut (fig. 317). Il serait trop long d’entrer dans tous ces détails.

Le canon Whitworth offre une résistance et une régularité de tir qu’on avait vainement cherchés jusqu’à son apparition. Le principe de ses rayures paraît être défectueux en ce qu’il rend le chargement difficile et expose au coincement du boulet. Les expériences futures ou les nouveaux modèles que les inventeurs nous réservent, feront peut-être oublier ce canon ; mais l’excellente méthode de sa construction restera acquise à la science, et le célèbre ingénieur anglais aura tout au moins démontré l’étonnante résistance de l’assemblage de métaux, qui servent à composer ses pièces.


CHAPITRE XXII

l’autriche fabrique des pièces d’artillerie pour le tir au fulmi-coton. — le canon du général lenk. — système de l’artillerie autrichienne pour l’emploi du fulmi-coton.

Pendant que s’accomplissaient, en Angleterre, les tentatives et les progrès que nous venons de raconter, l’Autriche créait un système tout nouveau d’artillerie, basé, non plus sur l’emploi de la vieille poudre noire, mais sur celui du fulmi-coton.

À la suite de la découverte du coton-poudre par M. Schönbein, et de sa communication à la diète de Francfort en 1846, une commission d’officiers allemands fut instituée, pour soumettre le nouveau corps à des études approfondies.

Les expériences se firent à Mayence, en 1846. Soit que la préparation du coton-poudre fût encore défectueuse et donnât des produits de composition variable, soit que les expériences eussent été mal conduites, les résultats furent jugés avec défaveur.

Cependant le baron Lenk de Wolfoberg, alors capitaine d’artillerie, et membre de la commission, imagina, comme nous l’avons dit à l’article fulmi-coton, dans la Notice sur les poudres de guerre, un mode de préparation du pyroxyle, qui donnait un produit de qualités excellentes, et d’une composition toujours identique.

Les expériences furent donc reprises. Elles se prolongèrent pendant les années 1847 1848, 1850 et 1851. On reconnut que le coton-poudre n’encrassait pas les armes, ce qui permettait de diminuer le vent à laisser au projectile. D’autre part le fulmi-coton étant plus brisant que la poudre ordinaire, il fallait réduire la longueur des pièces au profit de l’épaisseur du métal à la culasse, ce qui n’avait aucun désavantage. Nul accident n’arriva, d’ailleurs, pendant la préparation, pendant le transport, ni les manipulations diverses ; le pyroxyle se conservait