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CHAPITRE V

description des procédés de la photographie sur plaque métallique. — perfectionnements successifs apportés aux opérations du daguerréotype.

Les images photographiques obtenues au moyen du procédé de Daguerre, c’est-à-dire sur métal, se forment à la surface d’une lame de cuivre argenté, ou plaqué d’argent. On expose, pendant quelques minutes, une lame de plaqué d’argent aux vapeurs spontanément dégagées par l’iode, à la température ordinaire ; elle se recouvre d’une légère couche d’iodure d’argent, par suite de la combinaison de l’iode et du métal, et le mince voile d’iodure d’argent ainsi formé, présente une surface éminemment sensible à l’impression des rayons lumineux. La plaque iodurée est placée alors au foyer de la chambre noire, et l’on reçoit sur sa surface l’image formée par l’objectif. La lumière a la propriété de décomposer l’iodure d’argent ; par conséquent, les parties vivement éclairées de l’image décomposent, en ces points, l’iodure d’argent ; les parties obscures restent au contraire, sans action ; enfin les espaces correspondant aux demi-teintes, sont influencés selon que ces demi-teintes se rapprochent davantage des ombres ou des clairs.

Quand on la retire de la chambre obscure, la plaque ne présente encore aucune empreinte visible ; elle conserve uniformément sa teinte jaune d’or. Pour faire apparaître l’image, une autre opération est nécessaire : le développement.

Le développement de l’image s’obtient en soumettant la plaque qui sort de la chambre noire, à l’action des vapeurs du mercure. On la dispose donc dans une petite boîte, et l’on chauffe légèrement du mercure, contenu dans un réservoir, qui se trouve à la partie inférieure de la boîte. Les vapeurs du mercure viennent se condenser sur le métal ; mais le mercure ne se dépose pas uniformément sur toute la surface, et c’est précisément cette condensation inégale qui donne naissance au dessin. En effet, par un phénomène étrange, que la science a jusqu’ici vainement tenté d’expliquer, les vapeurs de mercure viennent se condenser uniquement sur les parties que la lumière a frappées, c’est-à-dire sur les portions de l’iodure d’argent que les rayons lumineux ont chimiquement décomposées ; les parties restées dans l’ombre ne prennent pas de mercure. Le même effet se produit pour les demi-teintes. Il résulte de là que les parties éclairées sont accusées par un vernis brillant de mercure, et les ombres par la surface même de l’argent.

Pour les personnes qui assistent pour la première fois à cette curieuse partie des opérations photographiques, le développement est un spectacle étrange et véritablement merveilleux. Sur cette plaque, qui ne présente aucun trait, aucun dessin, aucun aspect visible, on voit tout d’un coup se dégager une image d’une perfection sans pareille, comme si quelque divin artiste la traçait de son invisible pinceau.

Cependant tout n’est pas fini. La plaque est encore imprégnée d’iodure d’argent ; si on l’abandonnait à elle-même en cet état, l’iodure continuant à noircir sous l’influence de la lumière, tout le dessin disparaîtrait. Il faut donc débarrasser la plaque de cet iodure. On y parvient en la plongeant dans une dissolution d’un sel, l’hyposulfite de soude, qui a la propriété de dissoudre l’iodure d’argent non altéré par la lumière, et en opérant dans un lieu obscur. Après ce lavage, l’épreuve peut être exposée sans aucun risque à l’action de la lumière la plus intense. Tout à l’heure on ne pouvait la manier que dans l’obscurité, ou tout au plus à la lueur d’une bougie, on peut maintenant l’exposer sans crainte en plein soleil.

On voit, en définitive, que dans les épreuves daguerriennes, l’image est formée par un