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cuirassé à batterie, et le Roanoke, ancien navire en bois transformé.

Le Roanoke est une ancienne frégate de l’Amérique du Nord, rasée à la hauteur de la batterie, et armée de 3 tours, contenant chacune 2 pièces. Voici ses dimensions :

Longueur 
263 pieds anglais 8 pouces.
Largeur 
25 2
Creux 
33 »

Après sa transformation le Roanoke avait perdu 3 nœuds de vitesse ; il ne filait plus que 5 à 6 nœuds, et roulait tellement que le tir devenait impossible, même par le beau temps. Il a été bien vite abandonné, comme impossible à utiliser.

Plus tard, des contrats furent passés pour la construction de vingt monitors sur un type, dit Light-Draught, dont la qualité devait être de caler très-peu d’eau (seulement 2m,14 d’après le plan). Mais une fois achevés, leur tirant d’eau s’éleva à 2m,90 ; le but n’était donc pas atteint. Il est vrai qu’au moment où ils purent prendre la mer, la guerre était achevée.

Cinq de ces monitors du type Light-Draught, à petit tirant d’eau, le Modoc, le Nobuc, etc., furent transformés en Torpedo, ou bateau-torpille[1].

Les monitors à deux tourelles, tels que le Miantonomoah, dont il a été question plus haut, ont été un agrandissement sérieux du monitor primitif.

Des navires cuirassés, sur un type tout particulier, ont également été construits par le gouvernement américain, pour opérer sur le Mississipi. Ils sont, en même temps, à roues et à hélices, d’un très-petit tirant d’eau, pourvus d’un fort central cylindrique fixe, armé de canons lançant des boulets du poids de 76 kilogrammes, et susceptibles de lancer des jets d’eau chaude sur le pont en cas d’abordage. Tels furent le Chilicothe, l’Indianola et le Tuscumbia. Ce dernier, célèbre par le combat de Grand-Gulf, avait les dimensions suivantes, longueur, 51m,84 ; largeur, 21m,35 ; tirant d’eau, 1m,25.

Pour terminer l’histoire des tentatives importantes faites en Amérique, nous citerons la batterie Stevens.

En 1840, MM. Stevens proposèrent au gouvernement américain de construire, pour la défense du port de New-York, un bâtiment qui serait à l’épreuve de l’artillerie. Ce bâtiment ne fut mis en chantier que douze ans plus tard, en 1852, après que, sur les instances de M. Stockton, sénateur de New-York, le Congrès eut affecté une somme de 500 000 dollars à sa construction. Mais vingt mois plus tard les travaux étaient abandonnés ; déjà les constructeurs avaient dépensé 700 000 dollars, avançant ainsi 200 000 dollars sur les nouveaux crédits qu’ils espéraient, car il devenait clair que l’achèvement et l’armement coûteraient encore une somme de 500 000 dollars. Depuis, et malgré des pétitions signées à New-York, durant la guerre, les travaux de la batterie Stevens n’ont pas été repris. La coque est presque terminée, la machine, sauf les hélices, et les chaudières sont en place.

Les formes fines de ce bâtiment sont assez semblables à celles des steamers de l’Hudson. Il a 128m,10 de longueur, 15m,86 de largeur ; son tirant d’eau en charge fixé sur le plan à 6m,25 doit être porté en cas de combat à 6m,86 à l’aide de compartiments étanches qu’on remplirait d’eau.

Au-dessus de la flottaison s’élève une casemate, longue de 55m,20, haute de 1m,68, recouvrant l’espace occupé par la machine et les chaudières, et dont les murailles latéra-

  1. Voici en quoi consiste la disposition essentielle des bateaux-torpilles. Une perche ayant 10 à 12 mètres de longueur, porte à son extrémité une mâchoire dans laquelle est logée la torpille ; cette perche traverse un manchon qui, installé à l’avant du bâtiment, est susceptible d’être mû dans un plan vertical. Une chaîne attachée aux deux points extrêmes de la perche, et enroulée dans sa partie moyenne sur un tambour, permet de régler la saillie de la perche, suivant qu’on fait tourner le tambour dans un sens ou dans l’autre ; tandis qu’avec un long levier mû à la main, on imprime au manchon, et par suite à la perche, la direction voulue.