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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/578

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Le Monitor, le vainqueur du combat d’Hampton-Road, a sombré en pleine mer, par un temps fort ordinaire, et tous les commandants des monitors qui se trouvaient à Charleston, ont déclaré dans leurs rapports, qu’ils considéraient leurs bâtiments comme impropres au service de la mer. « They are not sea-going, not sea-keeping vessels, » écrit l’amiral Dupont au ministre de la marine des États-Unis.

Nous avons suffisamment parlé, dans le chapitre précédent, des qualités et des défauts des navires à tourelles pour n’avoir pas à revenir ici sur les monitors proprement dits. Le mieux armé et le plus solidement construit d’entre eux, ne saurait tenir contre un bâtiment tel que le vaisseau français le Marengo, menaçant par son choc et par le tir plongeant de ses tours élevées, menaçant encore, si l’adversaire fuit, par le tir en chasse de ses 4 pièces des gaillards, que rien ne saurait paralyser.

Mais encore une fois, les bâtiments improvisés par les États-Unis répondaient à des besoins spéciaux. Excellents pour la navigation sur les grands fleuves de l’Amérique, ils seraient d’une utilité problématique, s’ils devaient se lancer en pleine mer, loin des côtes du Nouveau-Monde, et courir les chances de la navigation sur toutes les mers. Redoutables par leur nombre, à l’époque où finissait la guerre de sécession, ils le seraient beaucoup moins assurément dans le cas d’une lutte contre une flotte européenne.

La guerre terminée, les flottes militaires ne convenaient plus aux États-Unis. Le gouvernement se préoccupa donc, dès les premiers mois de 1866, de vendre un matériel devenu inutile. Il cherche actuellement à constituer sa marine sur des bases nouvelles. Déjà, pendant la guerre, les fédéraux avaient senti la nécessité d’opposer aux corsaires du Sud des bâtiments rapides tels que le Kearsage, corvette à vapeur non cuirassée, armée sur les gaillards d’une dizaine de pièces d’artillerie, dont plusieurs à pivot, et qui s’est montrée dans les ports européens. Des moyens puissants de production sont accumulés dans les arsenaux, agrandis et enrichis de machines-outils de toutes sortes. Les arsenaux les plus importants sont ceux de Charleston, de Brooklyn en face de New-York et de Philadelphie ; la construction des monitors a fait place, dans leurs chantiers, à celle des bâtiments de course.

Le Brésil, à l’occasion de la guerre engagée contre le Paraguay, a fait construire quelques bâtiments cuirassés d’une forme particulière, qui, en raison du rôle que les événements leur ont fait, méritent d’être signalés.

Ce sont d’abord une série de petits monitors à une tourelle, destinés à naviguer en rivière par de très-petits fonds, et à résister à des canons lisses lançant des boulets de 68 livres, tirés même à petite portée.

Leurs dimensions très-réduites sont les suivantes : longueur, 36m,58 ; largeur, 8m,54 ; tirant d’eau, 1m,52. Leur plat-bord est à 0m,30 seulement au-dessus de l’eau. Ils ne portent qu’un jour de vivres et de charbon. La tourelle est armée de 1 canon Whitworth de 70 livres.

En outre de ces monitors, la flotte brésilienne compte quelques bâtiments cuirassés sortis, pour la plupart, des chantiers de la France ou de l’Angleterre, et parmi lesquels nous distinguerons le Brazil, construit en France, à la Seyne, par la Compagnie des forges et chantiers de la Méditerranée, et le Tamandaré construit à l’arsenal de Rio. Voici les dimensions de ces bâtiments :

  Brazil. Tamandaré.
Longueur 
61m,20 50m,60
Largeur 
10m,75 9m,75
Tirant d’eau 
3m,65 2m,59
Puissance nominale de la machine 
250 chev. 80 chev.

Le Brazil est le plus fortement armé des bâtiments de la flotte brésilienne. Il porte un