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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/585

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Fig. 410. — Le Castelfidardo, navire cuirassé de la marine italienne.


doute pour lui et prépare pour son adversaire, une trouée qu’un seul coup peut rendre fatale. C’est à peine si, dans la mêlée, le chef d’escadre peut prévoir et combiner des manœuvres d’ensemble. Tout repose, dès lors, sur l’initiative du commandant. Écrasante responsabilité ! Quel sang-froid stoïque ne devra pas guider son coup d’œil ! Fut-il jamais situation héroïque plus digne des grands capitaines de la mer !

Par l’emploi général de la cuirasse métallique, les forces maritimes seront à l’avenir égalisées, car ces forces ne se comptent plus comme autrefois d’après le nombre et la grandeur des navires. Ce sera dans l’épaisseur de la cuirasse, dans la vitesse de marche, dans la rapidité des mouvements, dans la forme bien étudiée des abris, que résidera désormais la force, plutôt que dans ses dimensions absolues ou la puissance de son artillerie. Une petite nation, comme le Danemark, sera forte avec une marine cuirassée relativement minime, si ses navires sont bien armés et bien construits. Une faible nation maritime si elle peut s’imposer la dépense des quatre millions et demi qu’a coûté la Gloire, pourra faire respecter son pavillon sur les mers. Si une flotte anglaise, par exemple, comme en 1807, bombardait Copenhague, les Danois pourraient promptement user de représailles contre leurs voisins. Il suffirait de quelques batteries flottantes cuirassées pour faire subir le même sort à une riche et florissante cité de l’Angleterre située en un point quelconque de ses côtes. La crainte de semblables représailles arrêterait d’injustes agresseurs dans l’exécution de leurs desseins meurtriers.