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Le bassin d’Arcachon, qui appartient au littoral de la Gironde, est une sorte de petite mer intérieure, d’environ 100 kilomètres de circonférence, communiquant avec l’Océan par un faible passage qu’il n’est pas difficile d’intercepter. Sa disposition le prépare admirablement à devenir un immense centre de production huîtrière. M. le docteur Léon Soubeiran, dans un Rapport sur l’ostréiculture à Arcachon, appelait ce bassin l’Eldorado des huîtres.

Des pêches très-abondantes d’huîtres se pratiquaient autrefois dans ce bassin ; mais là, comme ailleurs, une exploitation abusive avait fini par tarir cette mine précieuse. En 1860, des travaux furent entrepris, sous la direction de M. Coste, pour transformer le bassin d’Arcachon en un vaste centre de production de ces mollusques. Trois grands parcs : ceux de Grand-Cès et de Crastorbe, de la contenance de 22 hectares, et celui de Lahillon, d’environ 4 hectares, furent créés sur des fonds émergents, qui avaient déjà contenu des huîtres. Après le nettoyage des fonds vaseux, des huîtres mères furent jetées sur l’espace affecté à ces parcs ; puis on y plaça, pour recueillir le naissain, différents appareils collecteurs, tels que fascines, coquilles d’huîtres, planches, tuiles, etc.

Voici maintenant les résultats obtenus jusqu’ici.

Les parcs de Grand-Cès et de Crastorbe ont livré en quatre ans (de 1862 à 1866), environ huit millions d’huîtres. Au 1er janvier 1867, la quantité d’huîtres qui se trouvaient sur les trois parcs, était évaluée, au minimum, à 34 millions, dont 15 millions pour celui du Grand-Cès, 10 pour Crastorbe, et 9 pour Lahillon. Dans ce dernier chiffre, on ne comprenait pas 500 000 huîtres mères jetées sur ce parc, et qui, dans un an, devaient fournir d’abondants produits.

Enfin, on a donné, en avril et en mai 1867, aux pêcheurs du bassin d’Arcachon, 900 000 huîtres, extraites du parc impérial de Lahillon, pour leur permettre de fonder des parcs particuliers, à la seule condition qu’ils feraient sur ces parcs, en vue d’amener la reproduction des huîtres, des travaux semblables à ceux qui ont été effectués dans le même but sur les parcs impériaux.

Quant à la pêche libre à la drague et à la main, dans les points où n’existent pas les parcs impériaux, elle a produit, dans la campagne de 1864-1865, environ 2 millions 1/2 d’huîtres, qui ont été vendues 56 600 francs. La récolte de 1865-1866, n’a donné que 2 millions d’huîtres d’une valeur de 48 000 fr. Enfin, dans la campagne de 1866-1867, on a récolté plus de 3 millions d’huîtres valant 47 000 francs.

Nous ne reproduirons pas les chiffres rapportés par MM. Hennequin et Millet, concernant le rendement des différentes concessions de terrains faites à des particuliers et appropriés à la culture des huîtres. Nous dirons seulement qu’il résulte, d’une manière générale, des documents cités par MM. Hennequin et Millet, que l’industrie de l’ostréiculture est aujourd’hui définitivement fondée dans le bassin d’Arcachon, et qu’elle est en voie de prospérer, si le concours de l’État, en matériel, en hommes et en argent, est continué aussi longtemps qu’il sera nécessaire

Cette situation brillante n’est pas la même partout. Sur bien des points, les espérances conçues d’abord ne se sont point réalisées. Ainsi, à l’île de Ré, où l’ostréiculture avait d’abord donné des résultats très-satisfaisants, on n’a vendu, en 1866-1867, que pour 24 000 fr. environ d’huîtres. Beaucoup de ces parcs sont tellement envahis par la vase que l’on ne peut plus les utiliser pour les opérations en vue desquelles on les avait aménagés.

On doit faire des vœux pour que la nouvelle industrie de l’ostréiculture entre dans une ère de succès, car, il ne faut pas se le dissimuler, les bancs d’huîtres naturels se dépeuplent avec une effrayante rapidité. Les