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toute perturbation, de bâtir les cheminées en matériaux d’une seule espèce.

On voit souvent de petits flots de fumée se dégager des jointures imparfaites des tuyaux des poêles. Cette action est due à ce que, par les premières fentes, l’air de la chambre se glisse dans le tuyau et diminue le tirage. Quand elle est parvenue à des fentes plus éloignées, la fumée refroidie et presque sans mouvement, cède à l’appel formé dans la pièce et pénètre dans cette pièce : le poêle fume alors par les jointures du tuyau.

Quand le tuyau d’une cheminée débouche, à grand angle, dans le conduit d’un autre foyer, disposition que l’on retrouve fréquemment dans les constructions anciennes, la cheminée est exposée à fumer. En effet, si, dans le canal vertical et rectiligne, le tirage est plus fort que dans l’autre, le courant d’air chaud bouche, pour ainsi dire, l’ouverture du second tuyau, et la fumée de ce dernier, ne trouvant pas d’écoulement, reflue dans les appartements.

La réunion de deux tuyaux dans un conduit commun, est une disposition très-vicieuse, soit que les deux foyers brûlent en même temps, soit qu’on ne fasse du feu que dans un seul. Dans le premier cas, la force des deux courants n’étant jamais parfaitement égale, l’inconvénient signalé plus haut se présente toujours dans une certaine mesure. Dans le second cas, la fumée de la cheminée en activité arrive subitement dans un espace trop grand pour elle, et s’y refroidit. Si elle conserve assez de force pour s’élever encore, elle produit un appel dans l’autre conduit, traîne après elle un fardeau inutile, et s’échappe péniblement par l’ouverture supérieure du canal commun. Si à ce point sa force ascensionnelle est épuisée, elle tombe par son propre poids dans le tuyau froid, et vient inonder l’appartement qui n’a pas de feu.

C’est pour cela qu’il arrive souvent que de la fumée arrive inopinément dans une pièce par le tuyau de la cheminée, bien qu’il n’y ait pas de feu dans cette cheminée. La fumée vient de chez le voisin.

La seule manière de remédier à ces défauts, est d’établir une séparation dans le conduit commun, pour donner à chacune des cheminées un canal qui lui soit propre.

Le vent est l’une des causes les plus fréquentes de la fumée : il agit par sa force et par sa direction.

C’est pour combattre l’effet du vent que l’on termine le sommet des cheminées par un tuyau conique comme celui que représente la figure 172. Quand il sort par un orifice ainsi rétréci, l’air du foyer atteint une vitesse d’environ 3 mètres par seconde. Mais un vent un peu fort court avec une vitesse de 5 à 40 mètres par seconde. Par conséquent, il l’emporte sur la vitesse de la fumée à sa sortie, et il bouche le tuyau, ce qui amène de la fumée dans l’appartement.

Fig. 172. — Rétrécissement de l’extrémité du tuyau d’une cheminée.

Divers appareils ont été inventés pour remédier à cet inconvénient grave.

Le plus simple se compose d’une feuille de tôle courbée (fig. 173), dont on tourne l’un des flancs du côté où soufflent les vents les plus fréquents et les plus forts, afin de protéger le tuyau contre ces vents. À Paris, c’est le vent du sud-ouest qui fait le plus souvent fumer les cheminées.

On rend cet appareil plus efficace, en munissant chacun des bouts ouverts d’une plaque verticale, maintenue à quelque distance pour