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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/31

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la poésie, qui écoute aux portes des ateliers, aussi bien qu’à celles des ruelles et des salons, avait pris soin de conserver à la postérité les droits méconnus du physicien de Genève. Le quatrain suivant a été composé à cette époque :

Voyez-vous cette lampe où, muni d’un cristal,
Brille un cercle de feu qu’anime l’air vital ?
Tranquille avec éclat, ardente sans fumée,
Argand la mit au jour et Quinquet l’a nommée.


CHAPITRE IV

perfectionnements apportés à la lampe d’argand. — la crémaillère. — le porte-mèche. — nouvelle disposition des lampes à bec d’argand. — la lampe sinombre. — la lampe astrale.

Suivons maintenant la série d’inventions qui ont marqué les progrès de l’art de l’éclairage, depuis la découverte d’Argand.

Le système employé dans les lampes d’Argand, pour manœuvrer la mèche, péchait par trop de simplicité. Il consistait seulement en une tige recourbée attachée à un anneau métallique, autour duquel la base de la mèche était fixée ; cette tige, enfoncée dans le bec, se repliait horizontalement au dehors, de manière à venir former un manche que l’on saisissait avec la main pour élever et faire descendre la mèche. C’est ce que l’on a vu dans la figure 9 (page 23). Cette disposition avait l’inconvénient de produire un mouvement brusque, et dès lors de ne pas lutter avec avantage contre le frottement ; en outre elle ne s’harmonisait pas commodément avec le placement du verre. On a imaginé un nombre considérable de procédés pour remplacer ce système mécanique. Le mode le plus avantageux, celui qui est resté dans la pratique, consiste à lier la tige de traction à une autre tige dentée : on fait mouvoir cette dernière au moyen d’une roue dentée. Un bouton, extérieur au bec, est fixé sur l’axe de cette roue et sert à la manœuvrer.

La figure 12 montre cette disposition, aujourd’hui bien connue.

Fig. 12. — Crémaillère des lampes d’Argand.

La manière la plus ingénieuse de fixer la mèche a été imaginée par un lampiste de Paris, M. Gagneau. Deux ou trois petites lames métalliques, faisant fonction de ressort, sont fixées, par leur extrémité inférieure, au porte-mèche. Leur extrémité supérieure est libre, et forme une portion de cercle dentée qui se tient naturellement écartée du tube intérieur lorsque le porte-mèche se trouve hors du bec. On insère la mèche entre ces griffes et le porte-mèche ; lorsque celui-ci descend avec elle dans l’intérieur du bec, ces griffes venant à se rapprocher, saisissent la mèche, et la font descendre avec elles dans l’intérieur du bec.

L’invention d’Argand, c’est-à-dire le bec à double courant d’air et à cheminée de verre, a révolutionné l’industrie de l’éclairage par les corps gras liquides. La flamme à double courant d’air et la cheminée de verre, imaginées par Argand en 1784, ont été conservées dans toutes les lampes construites depuis cette époque. Le rétrécissement de la cheminée à peu de distance de la flamme, proposé par Quinquet, ainsi que nous l’avons dit, est le seul perfectionnement que l’on ait à signaler dans cet admirable système. Encore est-il vrai de dire que cette dernière disposition n’est pas indispensable.

Les modifications qui ont été introduites