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depuis Argand jusqu’à nos jours, dans les lampes à huile, ont consisté uniquement dans la manière de faire arriver l’huile jusqu’au bec. La diversité et le grand nombre des procédés qui ont été imaginés à cet égard, se comprennent, quand on considère combien il était difficile de répondre à toutes les conditions qu’il y avait à réunir ici. Pour assurer une bonne combustion, la rendre très-régulière, en conservant un vif éclat à la lumière, il fallait : 1o que le bec fût constamment alimenté d’huile ; 2o que l’huile ne débordât jamais par-dessus le bec, pour ne pas salir les objets environnants ; 3o que la lampe éclairât partout, dans un cercle complet d’illumination, sans projeter aucune ombre.

Les lampes qui ont été construites pendant notre siècle, ne répondaient pas toutes à ces conditions du problème. Nous allons successivement passer en revue les divers systèmes qui ont été employés dans ce but depuis Argand jusqu’à nos jours.

La lampe dont on faisait usage en France au temps d’Argand, était la lampe à niveau constant, dans laquelle l’arrivée de l’huile était assurée et maintenue à un même niveau, grâce à l’appareil connu en physique sous le nom de vase de Mariotte. C’est vers 1780 que Proust avait imaginé cette ingénieuse application du principe du vase de Mariotte à l’alimentation des lampes.

Fig. 13. — Mécanisme de la lampe à niveau constant.

La figure 13 fera comprendre cette disposition. Prenons deux vases B et C communiquant l’un avec l’autre par un tuyau commun, D. Prenons un troisième vase A, exactement plein de liquide, et qui ne puisse s’ouvrir que lorsqu’on soulèvera une petite soupape, dont il est pourvu. Cette soupape est armée d’une petite tige, qui, lorsqu’elle rencontre le fond du vase C, est soulevée en l’air, et découvre ainsi l’orifice du vase A. Les vases étant tous les deux remplis, aucun mouvement ne s’opère dans le liquide, mais si l’on vient à enlever une partie du liquide que renferme le vase B, le niveau baissera dans le vase C. Dès lors, le trou percé dans le vase intérieur A, sera découvert ; une bulle d’air s’introduira par l’orifice percé dans ce même vase A, traversera le liquide, et venant presser ce liquide à sa partie supérieure, en fera couler une partie. L’écoulement s’arrêtera lorsque le trou sera de nouveau bouché par l’élévation du liquide dans les vases B et C.

Ainsi dans cet appareil, qui n’est autre chose que le vase de Mariotte, le niveau du liquide se maintiendra constamment à la même hauteur dans le vase B.

Si donc, on remplit d’huile les vases A, B et C, et que l’on place le bec ou la mèche d’une lampe à l’extrémité du vase B, l’huile s’écoulera régulièrement du vase A dans le vase C, à mesure que la combustion qui s’opère dans le bec détruira une partie de ce liquide, et elle se maintiendra toujours au même niveau indiqué par la ligne pointée que l’on voit sur la figure 13.

Tel est le principe de la lampe à niveau constant et à réservoir latéral inventée par Proust. Nous n’avons pas besoin de dire que, pour rendre l’écoulement régulier et ne pas faire arriver trop ou trop peu d’huile, il faut placer la soupape du vase A à une hauteur exactement égale à celle du tube B, ce qui est facile en donnant à la petite tige qui supporte la soupape la même hauteur que le tube B.

C’est, avons-nous dit, le chimiste Proust qui imagina cette ingénieuse application du vase de Mariotte aux lampes à huile. Telle était, en effet, la disposition de la lampe que contenaient les réverbères, à l’époque où