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tremblement de terre, quelques jours avant la mort de cet empereur.

Nous ne suivrons pas l’exemple des auteurs qui, ayant à traiter de l’histoire des phares, ont cru pouvoir ranger parmi ces édifices la tour Magne de Nîmes. Ce monument colossal, aujourd’hui en ruines, et d’un aspect si pittoresque, couronne une colline verdoyante, qui domine la promenade publique nommée la Fontaine. Mais évidemment la tour Magne n’était pas un phare, puisqu’elle est distante de sept à huit lieues de la mer. On a voulu y voir, d’abord un temple, puis un aerarium, ou tour des vents ; plus tard enfin une trésorerie, c’est-à-dire un monument destiné à conserver, sous la domination romaine, le numéraire de la province ou, selon d’autres, le denier de l’impôt qui frappait, au profit des Romains, les habitants de ces contrées. Aujourd’hui, les antiquaires se rangent à cette opinion que la tour Magne fut un monument élevé par les Romains, en l’honneur des soldats morts pour la patrie, ou selon l’expression latine, un septizonium.

Le mémoire dans lequel le savant antiquaire nîmois, Auguste Pelet, a restitué la véritable destination de la tour Magne, est un des plus beaux que compte l’archéologie moderne, et il a coupé court à des discussions qui divisaient les savants depuis des siècles. Nous devons donc écarter complétement de la question des phares, la vieille tour qui dresse ses imposantes ruines sur la colline de la Fontaine de Nîmes.

Si nous passons de l’Europe à l’Asie, nous trouverons qu’il existait un phare très-remarquable à l’embouchure du fleuve Chrysorrhoas, tributaire du Bosphore de Thrace Denys de Byzance nous en a laissé la description suivante :

« Au sommet de la colline au bas de laquelle coule le Chrysorrhoas, dit cet écrivain, on voit la tour Timée, d’une hauteur extraordinaire, d’où l’on découvre une grande plage de mer, et que l’on a bâtie pour la sûreté de ceux qui naviguaient, en allumant des feux à son sommet pour les guider ; ce qui était d’autant plus nécessaire que l’un et l’autre bord de cette mer est sans ports, et que les ancres ne sauraient prendre sur son fond. Mais les barbares de la côte allumaient d’autres feux aux endroits les plus élevés des bords de la mer, pour tromper les mariniers et profiter de leur naufrage, lorsque se guidant par ces faux signaux ils allaient se briser sur la côte. À présent, ajoute l’auteur, la tour est à demi ruinée, et l’on n’y met plus de fanal. »

Fig. 268. — La tour d’Ordre de Boulogne-sur-mer (détruite en 1644.)

Un phare qui, pour remonter un peu moins haut que les précédents, n’en est pas