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lampe de la petite propriété, ne doit pourtant pas être oubliée dans la série d’inventions dont nous traçons le tableau.

Jobard, né à Dijon, et qui vécut surtout à Bruxelles, où il avait obtenu le poste de directeur du Musée de l’Industrie, homme d’un esprit inventif, mais trop souvent paradoxal, s’était appliqué à résoudre ce problème, et il y avait réussi en créant une petite lampe à huile, qui figura à l’Exposition de 1855. Ce modeste luminaire n’avait d’autre ambition que de remplacer la chandelle.

Fig. 40. — Lampe des pays méridionaux.

Les paysans du midi de l’Europe, ceux de l’Espagne et de l’Italie, quelquefois même ceux du midi de la France, se servent, pour s’éclairer, d’un globe de verre rempli d’huile, dans lequel plonge une mèche placée au centre du réservoir comme le représente la figure 40. Ce réservoir, peut avoir plusieurs becs, et l’on peut alors, en brûlant trois ou quatre mèches sur la même lampe, obtenir une illumination plus vive : c’est l’éclairage des soirs de fêtes, des réunions de famille, ou des longues soirées de travail en commun. Ce mode d’éclairage, qui doit remonter aux temps les plus anciens, est essentiellement économique et simple. Seulement, lorsque, par le progrès de la combustion, l’huile vient à baisser dans le réservoir, la capillarité devient insuffisante pour élever jusqu’à la mèche la quantité nécessaire du liquide combustible ; l’éclairage languit, et il se forme des champignons sur la mèche ; l’huile est dès lors dépensée sans profit, car elle est détruite et se consume sans éclairer.

C’est ce patriarcal système que Jobard a perfectionné. Sa lampe n’est autre chose que la veilleuse, mais la veilleuse améliorée par un physicien observateur. Elle se compose tout simplement d’un verre à pied, dans lequel on verse de l’huile. Un porte-mèche, fixé aux parois du verre, par une queue élastique en fer, fait plonger la mèche dans le liquide. Le vase de verre est fermé à sa partie supérieure, par un couvercle métallique, percé d’un trou à son centre et de plusieurs trous à sa circonférence. Cette espèce de chapeau-régulateur modère et dirige le courant d’air. Ainsi l’air d’alimentation s’introduit dans l’appareil per descensum, à l’inverse de toutes les lampes.

Fig. 41. — Lampe du pauvre.

Nous avons fait dessiner (fig. 41) la lampe du pauvre de Jobard, d’après un modèle que l’inventeur laissa entre nos mains après l’Exposi-