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à une tige métallique en équerre, fixée à chacun des zincs, et dont la branche verticale plonge dans un tube renfermant du mercure et relié au charbon de l’élément suivant.

Le liquide excitateur est amené dans les auges par une canalisation spéciale et est renouvelé constamment ; son niveau est réglé par un tuyau de trop-plein, qui rejette le liquide épuisé. Si l’on sait bien proportionner, au travail électrique à produire, l’écoulement du liquide et l’échappement de l’air, on obtient un courant électrique très constant, condition des plus satisfaisantes pour la régularité de la lumière.

La force électro-motrice de chaque batterie, formée de quarante-huit éléments, est environ de 82 volts, et sur un circuit court, l’intensité du courant est de 24 ampères.

En 1883, la pile au bichromate de potasse de MM. Grenet et Jarriant, telle que nous venons de la décrire, fut employée, comme il est dit plus haut, pour l’éclairage électrique du Comptoir d’escompte à Paris. Mais les résultats se montrèrent très défavorables ; car, au bout de quelques mois, l’éclairage électrique et la pile au bichromate de potasse furent supprimés.




CHAPITRE III

les piles à oxydes métalliques dépolarisants. — piles de la rive, léclanché, binder, gaiffe, clamond, reynier, daniell, lalande et chaperon.

Au lieu de produire un dégagement d’oxygène, pour réduire l’hydrogène, cause de la dépolarisation des piles, on peut se servir d’un oxyde métallique, qui produise la même réduction de l’hydrogène.

Auguste de la Rive eut le premier l’idée de se servir d’un oxyde métallique pour produire la réduction de l’hydrogène, et par conséquent, la dépolarisation du zinc.

La pile à oxyde de manganèse proposée par Auguste de la Rive ne fut jamais mise en usage, mais un physicien français, Léclanché, construisit, trente ans plus tard, une pile, qui repose sur le même principe, et qui est adoptée aujourd’hui dans le monde entier.

Le premier modèle de cette pile, que construisit Léclanché, consistait en un vase extérieur carré, en verre, dont le goulot, juste assez large pour laisser entrer le vase poreux, empêche le liquide de s’évaporer trop rapidement. Le goulot a un renflement longitudinal, qui permet d’introduire le crayon de zinc, et le liquide qui doit alimenter la pile. Le vase poreux contient, en quantités égales, du peroxyde de manganèse en grains et de petits fragments de charbon de cornue. Au centre de ce mélange est une plaque de charbon, surmontée d’une tête en plomb, qui sert à fixer l’électrode. Dans le vase extérieur, on met du chlorhydrate d’ammoniaque, puis de l’eau, jusqu’aux deux tiers de la hauteur du vase poreux. La pile commence à fonctionner dès que le liquide pénètre dans la masse du peroxyde de manganèse, mais l’action chimique n’a lieu que quand le circuit est fermé.

Cette pile se polarisait difficilement, et se dépolarisait dès que le circuit était ouvert. Elle présentait l’avantage de ne contenir que des matières inoffensives, d’être d’un prix peu élevé, de ne répandre aucune mauvaise odeur, de pouvoir durer très longtemps, enfin, de produire un courant constant et énergique.

Ce premier modèle de pile à peroxyde de manganèse avait pourtant l’inconvénient grave de présenter beaucoup de résistance au passage du courant. Léclanché construit un second modèle, dans lequel (fig. 324) le vase poreux est supprimé, et remplacé par un mélange de charbon de cornue, de peroxyde de manganèse, et de 5 pour 100 de gomme laque comprimée à 300 atmosphères, et chauffée, en même