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On laisse ordinairement un espace de 50 à 60 mètres entre chaque lance.

Pour relever le fil, quand il s’agit de supprimer la ligne, cinq ou six hommes suffisent ; et ils opèrent à la vitesse du pas de route.

La conservation des lignes qui fonctionnent est confiée à de petites escouades de soldats, échelonnées, qui sont chargées de réparer les détériorations survenues au matériel. En outre, des patrouilles ont mission de défendre la ligne contre les rôdeurs ennemis.

Le général en chef, les commandants de corps d’armée et les chefs de l’État-major général, peuvent seuls envoyer des dépêches. Elles sont toujours écrites ; aucun ordre verbal n’est accepté, afin de garantir la responsabilité du télégraphiste. Sur un champ de bataille, c’est un officier d’État-major qui est chargé de porter les dépêches, et il a l’ordre de confirmer par une lettre, dans les 24 heures, la dépêche télégraphique qu’il a été chargé de remettre.

Le poste central de la télégraphie suit le général en chef. C’est dans ce poste que sont centralisées toutes les dépêches. On fait toujours usage d’un langage chiffré, pour être à l’abri des indiscrétions. Un employé spécial est chargé de traduire ce chiffre. Il n’est pas difficile, en effet, de surprendre une dépêche, en établissant une sorte de dérivation sur la ligne télégraphique. Il est même possible, en tenant un fil de dérivation à la main, ou mieux à la bouche, de sentir tous les courants transmis, et de comprendre les signaux qu’ils représentent. De là la nécessité d’un langage secret.

Une dépêche en caractères et en langue ordinaires pourrait être surprise par un employé télégraphiste ennemi. On connaît l’histoire émouvante de Mlle  Dodu, qui surprit ainsi, pendant plusieurs semaines, des dépêches envoyées par les Prussiens, pendant la guerre franco-allemande de 1870 et qui faillit payer de sa vie cet acte de courage.

Pendant leur guerre civile, les Américains ont intercepté, de cette manière, plus d’une dépêche.


Il peut être utile en campagne d’installer rapidement une communication télégraphique, soit entre deux détachements de troupe n’ayant pas à leur disposition le matériel indiqué plus haut, soit pour effectuer une reconnaissance. On a imaginé, pour ce cas particulier, plusieurs appareils portatifs, qui répondent parfaitement aux besoins de cette opération.

Le plus employé des appareils portatifs de télégraphie militaire est dû à M. Trouvé. Il se compose d’un câble à deux fils, destiné à réunir deux stations, d’une pile pour chaque poste, et d’un appareil de correspondance. Le câble est enroulé sur une bobine, qu’un soldat télégraphiste porte sur le dos. Le fil se déroule à mesure que ce militaire s’éloigne du point d’observation. Sur le crochet qui supporte le câble, se trouve également une pile, ainsi qu’une boîte contenant un petit appareil télégraphique, qu’à un moment donné le soldat prend en main, pour recevoir ou pour envoyer une dépêche à l’officier, qui se tient à l’autre extrémité du fil conducteur, et qui, lui aussi, porte en bandoulière une pile, et tient à la main un appareil télégraphique, de la grosseur d’une montre. Le câble qui relie les deux appareils a une longueur d’environ un kilomètre ; les deux conducteurs qui le forment sont isolés par de la gutta-percha et recouverts d’un ruban caoutchouté qui les protège contre la pluie et permet de les poser à terre ou de leur faire traverser un ruisseau[1].

Au moment de la séparation des deux télégraphistes, l’officier attache à sa pile les deux fils qui aboutissent à l’extrémité du

  1. L’emploi de deux conducteurs est ici motivé par l’impossibilité où l’on est souvent de se servir du sol comme fil de retour.