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sultera du court résumé historique qui va suivre.

Les deux premiers câbles transatlantiques ont été posés, ainsi que nous l’avons raconté dans notre Notice des Merveilles de la science, par la Compagnie du télégraphe anglo-américain (Anglo-american Telegraph Company) en 1865 et 1866.

Le capital initial de cette Compagnie était de 42 millions de francs. Ses deux câbles réunissaient l’Irlande à l’île de Terre-Neuve, et représentaient une longueur totale de 3 700 milles marins.

Cette première Compagnie eut pendant deux ans le monopole de la transmission des dépêches transatlantiques. Aussi régla-t-elle son tarif à son gré, et fit-elle payer le mot, d’abord 25 francs, puis 12 francs 50.

Les bénéfices considérables qu’elle réalisait déterminèrent, en 1868, la constitution d’une première concurrence. À l’instigation de M. le baron d’Erlanger, un câble atlantique français fut créé. Ce câble, partant de Brest, touchait à l’île de Saint-Pierre (Terre-Neuve) et atterrissait aux États-Unis, à Duxbury, près de Boston. Il fut posé en juillet 1869.

Malgré la concurrence des câbles anglais, cette nouvelle Compagnie, dont l’exploitation était desservie par un seul câble, réalisait d’assez importants bénéfices. La Compagnie Anglo-Américaine, prévoyant le succès qu’assurait au câble de Brest sa situation particulièrement avantageuse au point de vue des centralisations télégraphiques, lui proposa une alliance, qui fut acceptée, et par laquelle la Compagnie française était assurée de 36 % des recettes totales, à la seule condition que les deux Compagnies adopteraient le même tarif.

Après diverses négociations entre la Compagnie Anglo-Américaine et la Compagnie du câble français de Brest à New-York, la Compagnie française, séduite par l’appât d’un bénéfice considérable et immédiat, consentit à vendre sa ligne à sa rivale.

Mais à peine cette première concurrence était-elle absorbée par la Compagnie Anglo-Américaine, qu’il en surgit une autre.

Ce fut une ligne anglaise, qui fut établie d’Irlande à Tor-Bay (Nouvelle-Écosse) par la Compagnie du Câble direct des États-Unis.

Dès les premiers mois de son exploitation régulière, cette nouvelle Compagnie, qui ne possédait qu’un seul câble d’Europe en Amérique, s’étant emparée d’environ 30 % des dépêches, son acquisition fut aussitôt résolue par la Compagnie Anglo-Américaine. Cette nouvelle absorption fut réalisée par un traité d’alliance qui place la Compagnie du Câble direct sous sa dépendance pendant vingt-cinq ans.

C’est pour affranchir nos communications commerciales avec l’Amérique du Nord de toute dépendance et de toute immixtion étrangères, que M. Pouyer-Quertier fonda une Compagnie française.

Cette Compagnie, qui fut définitivement constituée sous le nom de Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, avait pour objet la création de lignes télégraphiques entre la France et les États-Unis d’Amérique d’une part, et l’Angleterre et l’Amérique d’autre part ; l’établissement, l’entretien, l’exploitation, tant des câbles sous-marins destinés à relier les deux continents, que de toutes les autres lignes terrestres ou sous-marines pouvant, soit desservir les points intermédiaires, soit s’embrancher sur la ligne principale, la compléter ou la prolonger.

Le réseau de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York comprend deux grandes communications télégraphiques complètes entre l’Europe et l’Amérique du Nord, en passant par l’île française de Saint-Pierre (Terre-Neuve).