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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome III, 1825.djvu/293

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et chefs du parti des stoïciens.

« Ah ! que dites-vous ? reprend Cicéron, il n’y a point de vieilles si ridicules que vous. Croyez-vous que le même veau ait le foie bien disposé, s’il est choisi pour le sacrifice par une certaine personne, et mal disposé, s’il est choisi par une autre ? Cette disposition de foie peut-elle changer en un instant, pour s’accommoder à la fortune de ceux qui sacrifient ? Ne voyez-vous pas que c’est le hasard qui fait le choix des victimes ? L’expérience même ne vous l’apprend-elle pas ? Car souvent les entrailles d’une victime sont tout à fait funestes, et celles de la victime qu’on immole immédiatement après, sont les plus heureuses du monde. Que deviennent les menaces de ces premières entrailles ? ou comment les dieux se sont-ils apaisés si promptement ? Mais vous dites qu’un jour il ne se trouva point de cœur à un bœuf que César sacrifiait, et que, comme cet animal ne pouvait pas pourtant vivre sans en avoir un, il faut nécessairement qu’il se soit retiré dans le moment du sacrifice. Est-il possible que vous ayez assez d’esprit pour voir qu’un bœuf n’a pu vivre sans cœur, et que vous n’en ayez pas assez pour voir que ce cœur n’a pu en un moment s’envoler je ne sais où ? »

Et un peu après il ajoute : « Croyez-moi, vous ruinez toute la physique pour défendre l’art des aruspices : car ce ne sera pas le cours ordinaire de la nature qui fera naître et mourir toutes choses, et il y aura quelques corps qui viendront de rien, et retourneront dans le néant. Quel physicien a jamais soutenu cette opinion ? il faut pourtant que les aruspices la soutiennent. »

Je ne donne ce passage de Cicéron que comme un