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passer de savoir les noms de ceux qui le consultaient. Mais nous n’en sommes pas là présentement ; c’est assez d’avoir fait voir comment on pouvait répondre, non seulement à des billets cachetés, mais à de simples pensées. Il est vrai qu’on ne pouvait pas répondre aux pensées de tout le monde, et que ce que le prêtre de Claros faisait pour Germanicus, il ne l’eût pas pu faire pour un simple bourgeois de Rome.


CHAPITRE XV

Des oracles en songe.

Le nombre est fort grand des oracles qui se rendaient par songes. Cette manière avait plus de merveilleux qu’aucune autre, et avec cela, elle n’était pas fort difficile dans la pratique.

Le plus fameux de tous ces oracles était celui de Trophonius, dans la Béotie. Trophonius n’était qu’un simple héros ; mais ses oracles se rendaient avec plus de cérémonies que ceux d’aucun dieu. Pausanias, qui avait été lui-même le consulter, et qui avait passé par toutes ces cérémonies, nous en a laissé une description fort ample, dont je crois qu’on sera bien aise de trouver ici un abrégé exact.

Avant que de descendre dans l’antre de Trophonius, il fallait passer un certain nombre de jours dans une petite chapelle, qu’on appelait de la Bonne-Fortune et du Bon-Génie. Pendant ce temps, on recevait des expiations de toutes les sortes : on s’abstenait d’eaux chaudes ; on se lavait souvent dans le fleuve Hircinas, on sacrifiait à Trophonius et à toute sa famille, à Apollon, à Jupiter, surnommé roi,