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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/17

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Quelle était donc au juste la condition des colliberts ? Comme les colons qu’ils paraissent avoir remplacés[1], comme les métèques de la Grèce antique[2], ils étaient ou étrangers ou descendants d’étrangers, et pour n’être pas servile,

    plara de aynno dia en adelant. Mas el primer aynno deben seer escusados los unos é los otros fuera de huest con pan de tercero día ó cavalgada ó sitio de castillo é apellido que deben seguir sus vecinos. » Articulo 5o del fuero de Sobrarbe manuscrite que existe en el archivo de la diputacion provincial de Navarra, seccion de fueros, leg. 1, carp. 3 ; y fué copiado de un codice que existe en el archivo de la Academia de la historia de Madrid, y se hace mention en el Diccionario de Antigüedades del Reino de Navarra, t. i, p. 563. Vease tambien p. 467.

  1. « Coloni sunt cultores advenæ dicti a cultura agri. » Isidorus Hispalensis, lib. ix, cap. 4 ; et ex eo Papias. « Illud gravius et acerbius, quod additur huic malo servilius malum. Nam suscipiuntur advenæ, fiunt præjudicio habitationis indigens… et quos suscipiunt extraneos et alienos, incipiunt habere quasi proprios ; quos esse constat ingenuos, vertunt in servos. » Salvian. lib. v de Gubernatione Dei.

    Voyez, sur les coloni, le Glossaire de du Cange, édition in-folio, t. ii, col. 773-775 ; et le traité de Polgieser, déjà cité, éd. in-8. liv. i, chap. ii, §. xvii, p. 89-93 ; éd. in-4, lib. i, cap. iv, §. xxxiv-xxxvi, p. 205-209. Un seul exemple suffira, je l’espère, pour démontrer la conformité qu’il y avait entre les colliberti et les coloni. Dans un acte relatif au manoir de Dene (Hampshire), qui se lit au Domesday Book, tom. Ier, folio 38, une main du temps a écrit I’ Bures au-dessus de coliberti, comme étant le synonyme de ce dernier mot ; et William Lambard, dans son glossaire des lois anglo-saxonnes, s’exprime ainsi : « Colonus. Sax. gebure ; villicus ad certum censum singulis annis pendendum ascriptus. » Ed. Whel. p. 218.

  2. Le mot métèque (en grec μέτοικος) signifie émigré, étranger domicilié, et, pour traduire littéralement, qui a changé de demeure, de maison, de patrie. Eschyle, dans sa tragédie des Perses, dit ironiquement des barbares qui sont venus chercher leur tombeau dans la Grèce, qu’ils y ont péri, métèques d’une terre cruelle pour eux, parce qu’en effet ils semblent, par leur mort, y avoir fait à jamais élection de domicile. Dans les Suppliantes du même poète, les filles de Danaüs, réfugiées dans l’Argolide, chez Pélasgus, roi des Pélasges, y prennent le nom de métèques. Les métèques étaient donc, comme leur nom l’indique, les étrangers domiciliés à Athènes. Maintenant quelle était la condition, quelles étaient les charges, quels étaient les droits des métèques ? Voici en somme ce que je crois savoir :

    Les métèques, dans l’origine surtout, formèrent une classe intermédiaire entre les hommes libres et les esclaves ; libres, comme les premiers, mais dans une dépendance qui les avilissait et les rapprochait des seconds ; si bien que, lorsqu’on affranchissait un esclave, on le faisait passer dans la classe des métèques. Ils avaient ordinairement des patrons, choisis parmi les citoyens, qui les protégeaient et qui répondaient d’eux, et ils payaient un tribut annuel à l’état ; les uns exerçaient des métiers, les au-