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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/18

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leur état n’en valait guère mieux. Ils payaient une capitation annuelle[1], et ne pouvaient se marier à qui que ce fût sans le consentement de leur maître ; encore étaient-ils obligés d’acheter cette permission par une somme d’argent, qui, dans le diocèse de Beauvais, s’élevait à quinze deniers pour une fille et se distribuait entre les assistants. Ce n’est pas tout : à leur mort, ils avaient à acquitter un droit, vulgairement appelé main-morte[2]. Quand une femme libre épousait un collibert, elle descendait de sa condition dans celle de son mari, payait sa capitation personnelle et jurait de ne

    tres servaient la république comme marins. Ils pouvaient, par leurs services, obtenir, soit une exemption du tribut, soit même la faveur de passer dans la classe des citoyens : on vit de nombreux exemples de ce genre d’incorporation, dans des temps d’épuisement où la cité avait besoin de se recruter.

  1. « De colibertis S. Cyrici et suorum canonicorum, qui unoquoque anno solvere debent de capite tres denarios. » Liber chart. ecclesiæ S. Cyrici Nivern. no 83. Apud du Cange, t. ii, col. 760,763. Il existe une charte de Ranulfe, abbé de Saint-Maur, concernant un collibert nommé Simon, forgeron, lequel se reconnaissait collibert de Saint-Maur, mais non pas au même titre que les autres qui payaient une redevance de quatre deniers. Cet acte analysé dans les Recherches sur les cartulaires d’Anjou, p. 342 et 343, y est imprimé en entier, p. 388.
  2. « Notum sit universis tam futuris quam presentibus, quomodo ex progenie Gisleberti, majoris Sancti Michaelis de Mariscello, quem proprii capitis natura sancti Michaelis ecclesie dederat, duo filii ejus Bernerus et Gudo, cum tribus sororibus, videlicet Kildeburgi, Helisabeth et Hersendi, capitium quatuor denariorum, quod singulis annis dederant, non denegantes ; sine assensu vero prefate ecclesie cujuslibet generis mulieres in uxores ducere, et supradictas sorores, insuper etiam universas sui generis feminas quibuslibet in conjugium dare sibi licere dicebant, atque in extrema vite eorum consuetudinem, que vulgo mortua manus vocatur, se non daturos affirmare volebant. Quocirca canonici supradicte ecclesie eos ad placitum invitantes, certam diem eis constituerunt. Illi autem in infidelitate sua se non posse perseverare apud semetipsos sentientes, conscientia accusante, ante diem cause constitutam Bernerus et Gudo ad ecclesiam beati Michaelis, nullo invitante, spontanea voluntate venientes, quidquid injuste prius negaverant, nullo cogente, coram Rainero decano atque Warnero, necnon et Baldrico atque Raimbaldo et Hainrico cl Adone et Guntero, canonicis, libentissime cognoverunt… Sorores autem eum vidissent fratres ad viam veritatis rediisse, nolentes in errore suo diutius permanere, eodem modo due earum, Hildeburgis scilicet et Hersendis, non diu post fratres ad eandem sancti Michaelis ecclesiam accedentes, quod fratres recognoverant