Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont se composait leur principale nourriture ; d’ailleurs, si nous en croyons une tradition rapportée par le même auteur, ils étaient catholiques, et non-seulement ils avaient élevé une église à saint Pient, mais encore ils y entendaient la messe toutes les fois que la pêche les amenait de ce côté[1]. Que du temps du moine de Maillezais les Cagots des bords de la Sèvre-Niortaise portassent un nom vulgaire qui correspondait au mot latin colliberti, c’est ce qu’on ne saurait révoquer en doute ; mais il est à croire que plus tard ils échangèrent ce nom contre celui de Cagots, par lequel nous les voyons désignés dans l’ouvrage de M. Dufour, et que le peuple leur donnait peut-être dans l’origine concurremment avec l’équivalent de colliberti. En tous les cas, ce mot ne peut avoir formé collibert, qui, à proprement parler, n’est pas français, et qui fait double emploi avec cuvert, en usage chez nos ancêtres dans le sens de collibertus.


Le premier jour de mai, que passez est yvers,
Se partent Herupois do lor païs divers…
Demander vodront Karle s’il les tient à cuvers
A l’issue de Marne lo ra dit .i. cuverz
Que Karles est à Aiz an son maistre palais[2].


« Si gentils homs (dit l’ancienne coutume manuscrite d’Anjou et du Maine, citée par Court de Gebelin[3]) a homs cuvert en sa terre, et il se muert, le gentis homs aura la moitié de ses muebles. » Un ouvrage écrit à la même époque environ,

  1. « Præterea in eadem insula cernitur ecclesia in honore beati Pientii, ut dicitur, episcopi fundata : quæ ipsa vetustate admodum probatur antiqua. Cum autem persona ejusdem fundatoris ecclesiæ, quisve fuerit Pientius quæritur, quantum adverto utriusque rei certitudo ab hominibus nescitur. Totius nempe vulgi ore prædicatur, quod Colliberti, de quibus superius dicebamus, ea in ecclesiam ædificaverunt, atque in ea quoties piscandi gratia illuc advenissent, mysteria missæ audiverint. » Petri Malleac. mon. de Cœnob. Malleac, Ins., lib. i, §. iv. (Nov. Bibl. manuscrtpt. Libr. Tom. secund., p. 226, 227.)
  2. La Chanson des Saxons, par Jean Bodel, t. Ier, p. 60, couplet xxxv.
  3. Monde primitif, etc., col. 270.