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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/21

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contient ce passage : « Une serve se maria o un serf d’une église, enprès li sires à la serve l’afranchi et le mari remest cuvert. Il orent enfant : or vodrent li clerc à qui li pere estoit serf, que li enfez fust serf pour ce que le peres l’estoit. Le fiz, à soi deffendre, mostra la chartre de franchise de sa mere. Le pape dit que se li clerc ne dient rien contre la chartre, que il ne demandent rien à l’enfant, cum il deent plus deffendre que travailler[1]. » Au folio 18 du même manuscrit, où se trouve le passage précédent, il y a que « qui est nez de franche mere, ne doit pas estre mis en cuvertage. » Enfin, ce dernier mot se retrouve dans la Chronique des ducs de Normandie, de Benoit :

Povroté aim tote ma vie
Mieuz qu’à tolir si Normendie
Cum vos faites à son dreit eir,
Ne rien ne puis-je tant voleir
Cum à eissir del cuvertage
E deu renei e del servage
En que vos me quidez tenir.
(Tome ii, p. 47, v. 16702.)

Le mot acuvertir, devenir esclave, est également un dérivé du mot cuvert ; nous le trouvons dans la Bible Guiot[2] et dans une curieuse chanson du XIIIe siècle, publiée il y a quelques années[3] :

  1. Manuscrit de la Bibliothèque royale no 8407, fol. 100 ; cité par J. B. B. Roquefort, dans son Glossaire de la Langue romane, t. Ier, p. 334, col. 1.
  2. Trop nos ont le siecle boni,
    Chevalier sont acuiverti
    Plus que cil où l’en fet les tailles.

    La Bible Guiot de Provins, v. 212, (Fabl. et Contes, édit. de Méon, t. ii, p. 314.)
  3. Bibliothèque de l’École des chartes, tome Ier, Paris, 1840, in-8 ; p. 372-374. — Récits des temps mérovingiens… par Augustin Thierry. Paris, Just Tessier, 1840, in-8 ; t. Ier, p. 10, en note. — Recueil de chants historiques français depuis le XIIe jusqu’au XVIIIe siècle… par Leroux de Lincy. Ire série. Paris, librairie de Charles Gosselin, mdcccxli, post 8 ; p. 218-220. Ces deux auteurs traduisent terre acuvertie par terre de lâches, des lâches.