Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cume ami e parent, Joab, par engin e par félenie, se enbrunchad si que la spée vers terre li esculurgad ;

« E li culverz mist sa une main vers terre, pur la spée lever[1], » etc.

« Si huem péched vers sun prusme e trespast sun serrement, e il vienge merci requerre devant cest tuen altel,

» Ai en de lui pitié, e salf e guaris le dreiturier, e culvert e le félun met à mort e à desfaçun[2]. »

Dans la Chronique des ducs de Normandie, de Benoit, trouvère de la fin du XIIe siècle, le mot cuilvert se rencontre à tout moment avec un sens injurieux ; nous nous bornerons à en citer deux exemples :

Dunc regarda li dux ariere,
Veit le cors qui s’en vont lever ;
Senz sei de rien espoenter
Li a dit : « Mar vos movrez,
Cuilvert ; jà le comperez. »
(Tome ii, p. 328, v. 25085.)

« Arde, cuilvert ! ren ne vos vaut, »
Fait sei li dux, etc.
(Ibidem, p. 329, v. 25113.)

Wace, autre trouvère de la même époque, fait un usage aussi fréquent de cuvert dans le sens figuré : ainsi, parlant du stratagème que le pirate normand Hasteng mit en œuvre pour s’emparer de Luna en Toscane, il dit :

Li cuvert malade se faint.
Le Roman de Rou, tom. Ier, pag. 29, v. 574.

et un peu plus, loin :

D’un drap de seie fu covert,
Come se mort fu[st] li cuvert.
(Tome Ier p. 32, v. 645.)

Enfin, dans la Chanson, de Roland, qui est pour le moins aussi ancienne que les poèmes que nous venons de citer, si

  1. Li secunds Livrez des Reis. (Les quatre Livres des Rois, etc., p. 198.)
  2. Li tierz Livres des Reis, p. 262.