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lation injurieuse par laquelle on les désignait comme étrangers ; ce qui n’empêche pas de penser en même temps que ce ne fût là le nom de leur condition : je ne dis pas sur les bords de la Sèvre (la recherche à laquelle cet auteur se livre relativement à l’origine de cette désignation défendrait de le croire, s’il n’était évident qu’il ne parle des pêcheurs de la Sèvre que d’après la tradition et sur des ouï-dires), mais en Béarn, où, en l’an 1000, un seigneur pouvait disposer de la maison d’un Chrétien en faveur d’une abbaye, et en Navarre, où, antérieurement à 1270[1], tout étranger qui n’avait ni armes ni cheval recevait le nom de culbert. Nous adoptons donc le nom de Cagots que Guillaume Bouchet applique à certains individus du Poitou, sans indiquer leur résidence, et que M. Dufour donne aux anciens habitants du Marais, tout en exprimant le regret que nous éprouvons de ne pas avoir une meilleure autorité à invoquer ; et nous n’hésitons pas, comme le lecteur a déjà pu en faire la remarque, à les rattacher aux réfugiés espagnols que la guerre jeta sur notre territoire et qu’un évènement maintenant inconnu y dispersa bientôt. Pour nous, la race signalée par le moine de Maillezais est un anneau nécessaire de cette chaîne d’émigrés et de proscrits qui s’étendait autrefois depuis les Pyrénées jusque dans le Maine et en Bretagne. Le portrait que trace des Cagots du Bas-Poitou l’écrivain que nous venons de citer, se rapporte à merveille à l’idée que nous nous faisons de la population qui suivit de près Charlemagne dans sa retraite d’Espagne, et encore plus à l’idée que se font les Béarnais des Cagots de leur pays[2] ; le reproche d’incrédulité que leur adressaient les

  1. Dict. de Ant. del Reino de Navarra, tom. Ier, p. 564.
  2. « S’il faut en croire le public, nous écrivait M. Duplaà, instituteur communal à Saint-Girons (canton d’Orthez), les personnes considérées comme venant de cette race (des Cagots), sont plus perverses et plus méchantes que les autres, et ordinairement plus colériques. »