Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ligues, mais d’une ignorance crasse. J’ignore sur quels documents se sont appuyés certains auteurs modernes, pour prononcer que nos Colliberts étaient des espèces de crétins ; c’est, à parler franchement, porter un jugement sans connaissance de cause. On peut être sale, dégoûtant même dans ses vêtements ; paraître idiot, hébété dans toutes ses actions ; avoir le regard effaré, sans être un crétin. J’ai eu occasion d’en voir quelques-uns : je suis intimement persuadé que leur maladie principale tient essentiellement et particulièrement au défaut absolu d’éducation, à leur genre de vie, et à la privation de communications avec les autres hommes, dont ils restent constamment séquestrés. Rendez ces malheureux à la société, faites-leur en apprécier les avantages, et vous aurez bientôt perfectionné leur moral, et changé leur physique.

« Je demeure encore convaincu que, d’après la situation des parages où ils se tiennent, et qui sont encore les mêmes que ceux fréquentés par leurs pères dans le onzième siècle, sauf les changements survenus dans quelques localités, par suite du retrait des eaux de l’Océan, nos Colliberts actuels ne sont autres que les malheureux descendants des Agesinates Cambolectri, dont la postérité aura continué d’habiter cette portion du territoire possédée par leurs aïeux, dont ils ont également conservé les mœurs et les habitudes[1]. »

Cette opinion, au sujet de la descendance des Colliberts, est celle qui a généralement prévalu ; elle a été adoptée par M. Abel Hugo, qui considère « comme appartenant à la famille celtique, les Colliberts ou Cagots de la Vendée, qui paraissent être les descendants des anciens Agesinates

  1. De l’ancien Poitou et de sa capitale… par J.-M. Dufour. Poitiers, Mmes Loriot… 1826, in-8 ; p. 117-122. Ce passage, abrégé, se trouve répété dans les notes de l’Histoire du Poitou par Thibaudeau, nouvelle édition. Niort, Robin et Cie, 1839, in-8 ; tom. 1er, p. 429, 430. Voyez aussi l’introduction, p. xv, en note.