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Cambolectri, premiers habitants du territoire où les Pictes et les Scythes theiphaliens se sont établis par la conquête[1]. »

Cependant M. Massion[2] voit tout autre chose dans cette peuplade ; après avoir rapporté, comme un on dit, l’établissement d’une colonie de Colliberts à la Rochelle pour y vivre de la pêche et de la navigation, et leur arrivée, au VIIIe siècle, dans les marais du Bas-Poitou, pour les défricher, il s’exprime ainsi : « Les Colliberts du Bas-Poitou étaient vraisemblablement venus se fixer dans cette contrée marécageuse et encore inhabitée, pour se soustraire à la domination franke, aux rigueurs de la servitude de corps qui pesait sur les races galliques au nord de la Loire et n’existait pas au midi du fleuve sous l’administration nationale des ducs d’Aquitaine et des comtes de Poitou. Ces émigrations du nord au midi de la Gaule étaient encore fréquentes au XIIe siècle : un écrivain monastique de cette époque reproche à Loys le Jeune, époux d’Aliénor d’Aquitaine, d’avoir fondé plusieurs villes nouvelles dans lesquelles il recevait les hommes de corps échappés à la glèbe, et leur faisait des concessions de terre, ce qui était très-préjudiciable aux églises et aux barons[3]. »

  1. France pittoresque, tom. 1er, p. 15, en note

    M. Charles Arnauld s’est rangé du même avis. Voyez Histoire de Maillezais… Niort, Robin et Cie, 1840, in-8 : p. 2, 3, 141. À la page 76 du même ouvrage on lit la note suivante, communiquée par M. de la Fontenelle : « Quand Goderanne (abbé de Maillezais) fut ainsi parvenu a l’une des plus hautes dignités de l’église, des Colliberts, soumis ou domptés, furent cédés à la duchesse de Bourgogne. Ces habiles pêcheurs des rives de la Sèvre furent destinés, sans doute, à la terre lointaine pour y fournir à la table des grands le gibier, le poisson qu’ils savaient poursuivre avec tant d’audace et de persévérance. » Comme ce passage est dépourvu de toute indication d’autorité, et qu’il n’a par là aucune valeur en matière d’érudition, j’ai dû me borner à le consigner en note.

  2. Histoire politique, civile et religieuse de la Saintonge et de l’Aunis, etc. Deuxième période. Tom. 1er. Paris, E. Pannier, 1838, in-8 ; p. 407-410.
  3. Quasdam villas novas ædificavit, per quas plures ecclesias et milites de