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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome II.djvu/7

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D’un autre côté, M. de la Fontenelle de Vaudoré, en interprétant d’une façon toute nouvelle une phrase de Pierre de Maillezais, sur le sens de laquelle il s’est complètement fourvoyé, donne à pense qu’il considère les Colliberts comme venus du nord et descendant des Normands ; il ajoute qu’à son avis les Huttiers actuels de la Sèvre du midi ne sont autre chose que des rejetons de cette race, et il étaie cette dernière opinion de l’autorité de M. Augustin Thierry, avec lequel il aurait eu une conversation sur ce sujet[1].

Essayons maintenant de déterminer la valeur exacte du mot collibert, ou plutôt la condition primitive de la race d’hommes qu’il désignait. Dans le latin ancien, où l’on en trouve plusieurs exemples[2], il signifiait un compagnon de

    propriis suis hominibus, ad eas confugientibus, exhæredasse non est dubium. (Script. rer. franc tom. xiii. p. 286.) — Aug. Thierry, Lettres sur l’Hist. de France, p. 229.

  1. Statistique ou Description générale de la Vendée par J.-A. Cavoleau, etc. Fontenay-le-Comte, Rohuchon, 1844, in-8 ; pag. 93, 94. Tout ce que dit M. de la Fontenelle des habitants du Marais est emprunté à une notice sur les Huttiers de la Sévre, par M. Savary, chef de bataillon du génie, publiée dans les Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, tom. xiii, 1838-39. Niort, impr. de Robin, 1839, in-8 ; pag. 110-131. C’est bien peu de chose que ce mémoire, plus romantique que scientifique. Voici, du reste, la conclusion de l’auteur, qui ne conclut rien, comme on va le voir : « Avant Ramond le père Arcére… avait conclu en faveur des Alains ; je n’entreprendrai point de concilier ces deux auteurs célèbres, c’est assez sans doute pour nous de savoir qu’à peu d’heures de notre ville, nous pouvons visiter des familles, soit de Goths, soit d’Alains, conservés à l’état fossile, pour ainsi dire, depuis quatorze siècles, avec leurs usages, leurs goûts et leur physionomie primitive. Amour et misère, telle est aujourd’hui la devise inscrite au front de cette population réprouvée. Si dans la jeunesse il y a compensation, qu’importe le reste de la vie ? »
  2. Quin, hercle, conlibertus meus, faxo, eris, si di volent.
    (M. Ac. Plauti Pœnulus. act. iv, sc. ii).

    « Et inter collibertos, matrem et filium, pietatis ratio secundum naturam salva esse debet. » Ulpian. in lib. xxxvii d., tit. xv, leg. 1, § 1. De Obsequiis a liberis et libertis parentibus et patronis præstandis.

    « CarisI Damis juvenis innocentissimi CarisI Amphion, Alexander, Heraclas, colliberti. » Voyage dans les départ. du midi de la France, par Millin, t. iii, p. 625.

    « Tunc repente beatus Petrus apostolus in stola candida deorsum in pa-