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liberté, un esclave qui a été affranchi avec un autre par le même maître ; et dans la loi des Bavarois il est encore employé dans le premier de ces deux sens[1]. Ce mot, qu’on le prenne dans un monument de l’antiquité ou dans une charte du moyen âge, vient évidemment de cum et de libertus, et non de ce dernier et de collum, comme le croient plusieurs auteurs, entre autres D. Muley[2] et M. Charles Arnault[3], qui n’ont pas fait attention que les formes comlibertus et conlibertus sont là pour démontrer la fausseté de leur étymologie. On voit par là combien nous sommes éloigné de partager l’opinion de Court de Gebelin, qui tire collibertus du celtique col, servir, et de ber, homme, homme qui sert, domestique[4].

    vimento constitit ; eique dixit : « Colliberte, quare tam citius surrexisti ? » Dialogi B. Gregorii, lib. iii, cap. xxiiii. De Theodoro mansionario ecclesiæ beati Petri apostoli urbis Romæ. À la place de ce mot le pape Zacharie donne σύντροφε, c’est-à-dire sodalis.

    Voyez d’autres exemples de l’emploi des mots collibertus et colliberta, dans le grand lexique latin de Facciolati et de Forcellini.

  1. « Si quis liber liberum hominem furaverit et vendiderit, et exinde probatus fuerit, reducat eum, et libertati restituat, et cum octuaginta solidis componat eum ; in publico vero quadraginta solidos solvat propter præsumptionem quam fecit.

    « Et si eum revocare non potuerit, tunc ipse, fur perdat libertatem suam pro eo quod conlibertum suum servitio tradidit, si solvere non valet weregildum parentibus, et amplius non requiratur. » Dagoberti regis capitulare tertium, sive Lex Bajuvariorum, tit. viii, art. iv (Cap. Reg. Franc., t. 1er, col. 117.) Du Cange n’a pas rapporté ce passage dans son Glossaire.

    La loi des Lombards compte aussi les colliberts parmi les libres. Voyez liv. i, tit. 29, §. 2 ; liv. ii, tit. 21, §. 16 ; tit. 27, §. 1 ; tit. 55, §. 11, 13. À ces indications, du Cange ajoute la remarque suivante : « Verum iis in locis Conliberti accipiuntur pro hominibus ejusdem conditionis, vel ejusdem pagi : quo sensu forte id vocabuli usurpatur apud Gregorium Magnum lib. 3. Dial. cap. 24. » Gloss. tom. ii, col. 760.

  2. Colliberti. « On appelait de ce nom ceux qui n’étaient ni serfs ni affranchis, dont la condition était entre l’homme libre et l’esclave. Je l’ai interprété et rendu par le mot collibert, qui signifie franc du col, du collier. » Collection des cartulaires de France, tome ii. Cartulaire de l’abbaye de Saint-Père de Chartres, publié par M. Guérard… t. ii. À Paris, de l’imprimerie de Crapelet, m dcc xl, in-4 ; p. 846.
  3. Hist. de Maillezais, p. 3.
  4. Monde Primitif… considéré dans les origines françoises, col. 269.