Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/126

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régler par de nouvelles institutions subsidiaires. Une législation intelligente et active pouvait sans doute satisfaire ces besoins ; mais étant incompatible avec le caractère des gouvernements. d’alors, il fallut bien recourir au droit coutumier, dont la jeunesse et l’énergie du peuple secondaient le développement. La manière spéciale dont ce besoin s’était fait sentir donnait à ce droit un caractère particulier. Au lieu de sortir de la conscience commune de la nation, il revêtit tout d’abord le caractère d’un droit scientifique, comme je le montrerai bientôt (§ 19).

La manifestation la plus remarquable d’un droit coutumier général, dans les temps modernes, est l’adoption même du droit romain dans les limites déterminées plus haut (§ 17). Mais cette adoption eut une signification différente chez les différents peuples de l’Europe, et les changements qu’elle apporta dans le domaine du droit devaient se faire sentir d’une manière très-diverse. En Italie, où le droit Justinien n’avait jamais cessé d’exister, il prit seulement une vie nouvelle, et les limites de son application furent plus rigoureusement posées. En France, le droit romain n’avait jamais disparu complétement ; mais la forme particulière du droit Justinien y était toute nouvelle. En Allemagne, l’adoption du droit Justinien dut être beaucoup plus sensible ; car le droit romain était là un élément entièrement neuf, jusqu’alors in-