Page:Friedrich Carl von Savigny - Traité de droit romain, Tome 1, 1855.djvu/70

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trouve seulement au sein des différents peuples, c’est de là seulement que peut sortir le droit positif, bien que l’esprit général de l’humanité s’y révèle constamment. Aussi n’y voit-on point de ces créations arbitraires dont le droit des autres peuples n’offrirait aucune trace. Seulement, le droit de chaque nation a certains traits particuliers à la nation, et d’autres communs à tous les peuples. Je montrerai plus bas (§ 22) comment les Romains comprenaient, sous le nom de jus gentium, ces éléments généraux du droit.

§ IX. L’État. Droit politique. Droit privé. Droit public.

Jusqu’ici j’ai dû considérer le peuple comme un être invisible et sans limites déterminées ; mais jamais on ne le trouve à cet état d’abstraction. Le besoin de traduire en caractères visibles et organiques leur unité invisible existe constamment chez tous les peuples. L’État donne un corps à l’unité nationale, dont les bornes sont dès lors rigoureusement posées. Si maintenant on cherche ce qui donne naissance à l’État, on trouve, comme pour le droit en général, une nécessité supérieure, une force interne qui veut s’épancher au dehors, et imprime à l’État un caractère individuel. Cette force enfante l’État comme elle enfante le droit, et l’on peut même